La Section Clinique d’Aix Marseille, propose trois temps de formation intitulés « Extensions vers les institutions – Comment faire en institution avec le mal-être contemporain ? ». Chaque demi-journée traite d’un thème d’actualité clinique qui intéresse la pratique en institution. Présidées par Hervé Castanet, coordinateur de la Section clinique d’Aix-Marseille, elles se déroulent en deux temps : 1/ Exposés cliniques des enseignants de la Section Clinique d’Aix-Marseille : Sylvie Berkane Goumet, Françoise Haccoun, Dominique Pasco, Élisabeth Pontier et Patrick Roux. Discussion. 2/ Conversation avec des invités spécialisés dans la question traitée: Elsa Loïzzo, avocat au barreau de Marseille, exerce en matière pénale. Cécile Wojnarowski, psychanalyste, enseignante à la Section clinique de Rennes, directrice de CMPP, membre de l’ECF et de l’AMP. . Discussion avec les participants. 3ème rendez-vous en visioconférence, vendredi 30 septembre de 9h à 12h30 sous le titre « Celles et ceux qui rencontrent le harcèlement ( à l’école, au travail, en institution, sur les réseaux, dans la vie intime) « . Argument, programme et détails ci-dessous
Inscriptions: extensions.sc.2022@gmail.com
# 3 – Vendredi 30 septembre 2022 : Celles et ceux qui rencontrent le harcèlement – à l’école, au travail, en institution, sur les réseaux, dans la vie intime –
Le harcèlement est un phénomène qui a pris de l’ampleur dans le discours social actuel au point de transformer le lien à l’Autre. Harcèlement psychologique, physique, sexuel, à l’école, au travail, ou cyber-harcèlement, aucun champ social n’est épargné.
Le harcèlement – quand il est avéré – est désormais puni par la loi. C’est pourquoi nous avons invité une avocate pour parler de son expérience auprès de ceux qu’elle accompagne. Et au-delà, cette matinée propose d’aborder le harcèlement à partir de la pratique clinique et de l’écoute des sujets au cas par cas. Quel point a-t-il été touché par cette mauvaise rencontre et quelle issue la victime peut-elle trouver ? Quelles conséquences ? Les coordonnées de la structure préalable à l’événement contingent, peuvent se construire et orienter les réponses.
Le « harceleur » prend la figure d’un Autre méchant qui pointe un trait de différence (handicap, origine, taille, couleur) et cherche à ravaler le sujet. Chacun sait la puissance de la parole mise au service d’un désir de détruire. Peut entrer en jeu ce que Lacan nomme la « haine solide »1 qui vise l’être, cherchant à atteindre l’objet a, en la victime et la réduire à un objet-déchet. « Elle l’attrape par ce qui fait le réel de chacun, le sexe, l’origine, la mort2. »
Il faut parfois faire l’hypothèse d’une jouissance « sans pourquoi qui trouve satisfaction dans le simple fait de détruire » – dont la cause sera à élucider. Elle peut trouver son origine dans un défaut du refoulement, un raté de la métaphore paternelle3, mais pas seulement.
Alors : quel impact subjectif pour celui qui a subi ou commis ces violences, humiliations ou insultes ? Victime ou bourreau, ce n’est pas du pareil au même, mais pour chacun des sujets, il y a trace d’un en-trop toujours singulier. Les manifestations sont multiples : silencieuses ou bruyantes, détresse ou passages à l’acte, décompensation, désarrimage, isolement, phobies et symptômes physiques. Dans tous les cas, il importe de proposer au sujet de s’adresser à un autre qui puisse entendre. Le silence de l’entourage, des institutions peut mener au pire. Comment le clinicien, l’institution peuvent-ils prévenir cette jouissance qui cherche à atteindre l’objet a de celui qui la subit ?
Faire le pari de la parole, c’est offrir au sujet la possibilité d’élucider les sentiments contradictoires qui souvent le traversent et de les ordonner dans un dire. Au-delà, la victime peut trouver une issue réparatrice. Ainsi, dans son Séminaire Le sinthome, Jacques Lacan attire notre attention sur le souvenir, rapporté par James Joyce, d’une violence subie : l’écrivain avait reçu « une série de ruades furieuses »4 perpétrée par ses camarades. Pourquoi sitôt après l’épisode cruel sa colère disparait-elle ? Lacan répond : quelque chose du corps du sujet (imaginaire) s’est détaché « aussi aisément qu’un fruit se dépouille de sa peau tendre et mûre. »5 Lacan s’oriente de cette métaphore pour démontrer comment l’écriture chez Joyce répare son ego et opère au point où le corps s’était détaché comme une pelure6.
Le dire ne prend pas nécessairement la forme de l’écriture, comme ce fut le cas de Joyce mais il offre une issue pour la victime de harcèlement car c’est « dans cet acte qu’il renouera avec sa qualité de sujet, transformant ainsi le traumatisme subi en un événement assumable. »7
Répondre à ces questions au un par un, voilà l’enjeu de cette matinée.
1 Lacan Jacques, Le Séminaire, livre XX, Encore, Paris, Seuil,1975, p. 91.
2 Bonnaud Hélène, « La face haineuse du harcèlement scolaire », Lacan Quotidien n° 482, Mercredi 25 février 2015 : http://www.lacanquotidien.fr
3 Miller Jacques-Alain, « Enfants violents – Texte d’orientation », Enfants violents, Collection La petite girafe, Paris, Navarin, 2019, p. 27. Un chapitre de l’ouvrage concerne Le harcèlement intitulé « ça harcèle ».
4 Joyce James, Portrait de l’artiste en jeune homme, folio classique, 1992, p. 139.
5 Ibid., p. 140.
6 Lacan Jacques, Le Séminaire, livre XXIII, Le Sinthome, Paris, Seuil, 2005, p. 149.
7 Dupont Laurent, Forum Campus Psy – “Ce qui nous regarde”
Renseignement/ inscription : Tel: 06 76 75 20 91 – extensions.sc.2022@gmail.com
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Horaires: 9h – 12h30 . Participation : individuelle 30€ ; institutions 50€
Enseignants:
Hervé Castanet, psychanalyste, membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse, professeur des universités.
Sylvie Berkane Goumet, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, DEA de psychanalyse, Paris 8.
Françoise Haccoun, psychanalyste à Marseille, membre de l’ECF et de l’AMP, doctorat de psychologie clinique.
Dominique Pasco, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, psychologue hospitalière, master 2 de recherche en psychopathologie et champs cliniques (Rennes 2).
Élisabeth Pontier, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, psychologue hospitalière, master 2 de psychanalyse, Paris 8.
Patrick Roux, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, psychologue clinicien, DEA de psychanalyse, Paris 8.
Retrouver l’argument général, et l’ensemble du programme c’est ici
Catégories :Le Blog SC, Session 2022
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