Extensions vers les institutions

Matinées cliniques 2023 « Extensions vers les institutions »

Comment faire en institution avec le mal-être contemporain 

extensions.sc.2023@gmail.com

Vendredi 29/09/2023: Celles et ceux qui ont subi une agression sexuelle

Invitées : Solenne Albert, psychanalyste à Nantes, membre de l’ECF et Aude Daniel, psychiatre, chef de service hospitalier à Marseille.

Vendredi 24/11/2023 : Celles et ceux qui ont à faire un « travail de deuil »

Invités : Y-Cl. Stavy, psychanalyste à Paris, membre de l’ECF, Sylvain Garciaz, médecin oncologue à l’IPC de Marseille.

Les matinées des extensions se déroulent le vendredi matin de 9h à 12h30 en deux temps :

  • Cinq exposés cliniques issus d’une pratique en institution sont présentés et discutés par des psychanalystes, enseignants de la Section Clinique d’Aix Marseille et consultants au CPCT.
  • Conversation avec deux invités extérieurs

Chaque matinée est présidée par le Professeur Hervé Castanet, psychanalyste à Marseille, coordinateur de la Section Clinique d’Aix Marseille et Président du CPCT.

Objectifs :

Les matinées cliniques visent l’apport de concepts et d’éclairages cliniques utiles à la pratique en institution, sans oublier de favoriser les échanges entre professionnels. Les concepts de la psychanalyse sont pensés parfois comme abstraits, éloignés de la clinique quotidienne. À rebours de cette critique, l’enjeu de ces trois Extensions vers les institutions est de montrer en quoi et comment ces concepts sont des outils pour s’orienter. En ces temps où l’on voudrait croire que tout mal-être trouve sa cause dans les mécanismes neuronaux du cerveau, la psychanalyse affirme aussi la présence du sujet. « Qu’elle se veuille agent de guérison, de formation ou de sondage, la psychanalyse n’a qu’un médium : la parole du patient. L’évidence n’excuse pas qu’on le néglige. Or toute parole appelle une réponse » (Lacan, 1953). Laquelle ? Loin des recettes toutes faites, des standards, nous proposerons, à partir de cas singuliers, les réponses élaborées à partir d’une clinique orientée par l’écoute. Tout clinicien en institution (psychiatre, psychologue, infirmier, assistante sociale, éducateurs, psychomotriciens, etc., et aussi directeur et cadre en institution) y trouvera matière à interroger sa pratique.

Argument de la matinée  du 29/09 : Celles et ceux qui ont subi une agression sexuelle

« Il n’y a aucune chance qu’on ait la clé de l’accident de parcours qui fait que le sexe a abouti à faire maladie chez le parlêtre… » (Lacan, RSI, 8 avril 1975)

Révélées par les mouvements féministes récents (#Me Too, Balance Ton Porc…), les agressions et violences sexuelles sont mises à jour publiquement notamment via les réseaux sociaux. Cette dénonciation de « l’abus », jusqu’alors resté sous silence, signe l’effondrement du règne du père, maintien de l’ordre établi, et dévoile le rapport des sexes entre eux. Celles et ceux qui ont subi une agression sexuelle sont confrontés à un trauma réel et souvent ravageant rendant « le rapport des deux sexes entre eux […] de plus en plus impossible[1] ».

Que dire des enfants et adolescents victimes d’agressions sexuelles qui s’adressent aux institutions ? Ces désordres liés aux agressions sexuelles sont tissés de violence, d’emprise et de séduction.  Comment se dégager des conséquences mortifères de l’abus ? L’abus peut renvoyer au réel des agressions subies ou au ravage d’un imaginaire incestueux : « Le rapport sexuel, il n’y en a pas, mais cela ne va pas de soi. Il n’y en a pas, sauf incestueux…ou meurtrier »[2].

Comment entendre et/ou agir face aux situations d’agressions sexuelles au sein de l’institution ? Agir et non pas réagir dans l’urgence est bien tout l’enjeu afin de traiter des situations qui croisent représentations, affects imaginaires et situations où le réel est en jeu. Cette clinique se situe aux confins du consentement, de la véracité des faits commis et/ou déclaratifs. Mais plus : elle relève de la clinique de passage à l’acte hétéro-agressif. Traumatisme et passage à l’acte s’articulent, mais sont-ils pour autant de même nature ou de même structure ? Le traumatisme subi par une agression sexuelle relève aussi du registre de l’acte sur le versant passif. Un passage à l’acte fait traumatisme dès lors que la jouissance de l’un s’impose par forçage et sans consentement. Nous parlerons ici d’attentat sexuel.

Cette matinée « extensions vers les institutions » a pour visée de questionner, à partir de situations cliniques, de leur élaboration et d’échanges, cette délicate question et d’en dénouer les registres symboliques, imaginaires et réels.

Argument de la matinée du vendredi 24/11/2023 : Celles et ceux qui ont à faire un « travail de deuil »

On entend parfois parler d’un « travail de deuil » à faire ou qui ne se fait pas et s’éternise dans un état « dépressif ». Mais qu’est-ce qu’un deuil « normal » ? La souffrance liée à la perte d’un être cher relève-t-elle de la maladie ? Et donc quand peut-on considérer qu’un deuil est pathologique et nécessite de consulter ?

Freud s’est penché sur la question du deuil dans un texte de 1915[3] où il examine les différences entre un deuil que l’on peut qualifier de « normal » et la mélancolie où la souffrance s’éternise sans trouver de résolution. Il nous rappelle dans ce texte qu’un deuil qui ne se fait pas signe l’impossibilité de désinvestir l’objet perdu. La libido ne se détache pas progressivement de l’objet pour réinvestir d’autres objets dans le monde et dans la vie.

Pour autant lorsqu’un deuil ne se fait pas s’agit-il de mélancolie ?

Toujours dans ce texte, Freud donne des précisions sur le deuil impossible que constitue la mélancolie : le sujet est affligé par une perte qu’il ne sait pas nommer. A la différence du deuil ordinaire, il ne sait pas ce qu’il a perdu. De plus dans la mélancolie, ce n’est pas le monde qui se vide mais le sujet lui-même qui ne se soutient plus et qui s’accable de reproches.

Sans relever de la mélancolie ainsi décrite, il y a des deuils qui s’éternisent. Les sujets qui y sont affrontés ne se remettent pas d’une perte et malgré le temps, malgré les encouragements, la vie ne reprend pas son cours.

La psychanalyse avec Freud puis Lacan, s’est donnée des outils conceptuels pour penser ces différents cas et différentier un processus normal de deuil, d’un deuil que l’on peut qualifier de pathologique. L’un de ses outils conceptuels est l’objet a, soit cette perte d’être inhérente à l’entrée dans le langage. Devant chaque cas de sujet affronté à un deuil qui « ne se fait pas », le clinicien doit s’interroger sur le rapport à la perte, le rapport à l’objet a. Cette perte a-t-elle été symbolisée ? Lorsque c’est le cas, sujet a pu s’élancer dans une course désirante.

Ou bien cet objet a n’a-t-il pas été extrait, laissant le sujet encombré de sa présence ? Dans ce cas, l’être cher disparu peut se faire trop présent, d’une présence envahissante qui barre tout élan vital du sujet ainsi endeuillé.

Ces questions trouveront leur éclairage dans les différents exposés cliniques qui seront présentés puis discutés lors de cette matinée consacrée à Celles et ceux qui ont à « faire un deuil ».

Coordination des matinées cliniques « Extensions vers les institutions » :

Hervé Castanet, psychanalyste membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse, Professeur des universités.

Enseignants :

Sylvie Berkane Goumet, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, DEA de psychanalyse, Paris 8.

Hervé Castanet, psychanalyste membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse, Professeur des universités.

Françoise Haccoun, psychanalyste à Marseille, membre de l’ECF et de l’AMP, doctorat de psychologie clinique

Dominique Pasco, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, psychologue hospitalière, master 2 de recherche en psychopathologie et champs cliniques (Rennes 2).

Élisabeth Pontier, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, psychologue hospitalière, master 2 de psychanalyse, Paris 8.

Patrick Roux, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, psychologue clinicien, DEA de psychanalyse (Paris 8)

Coût de la participation :

– Inscription à titre individuel : 30 euros/matinée ou 90€ pour les trois matinées

– Inscription Demi-tarif pour les étudiants de moins de 26 ans (joindre justificatif) :  15 euros/matinée

Modalité d’inscription :

Pour toutes inscriptions, veuillez envoyer un mail de demande d’inscription à l’adresse  : extensions.sc.2023@gmail.com

[1] Miller J.-A., « Une fantaisie », Mental, n°15, février 2005, p. 19.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », leçon du 15 mars 1977, publié in Ornicar ? n°17/18, Paris, Navarin, printemps 1979, p. 8-9.

[3] Freud S., « Deuil et mélancolie », 1015, Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1974.