Extensions vers les institutions

Extensions vers les institutions: Comment faire en institution avec le mal-être contemporain extensions.sc.2023@gmail.com
Durée : 10h30 (3 matinées)
Horaires : 9h-12h30 / Dates : les vendredi 3/03/2023 ; 29/09/2023 ; 24/11/2023
Type d’action : Action de formation / Formation en distanciel / Langue : Français

Contenu de formation :

Ces formations visent l’apport de concepts et d’éclairages cliniques utiles à la pratique en institution, sans oublier de favoriser les échanges entre professionnels. Les concepts de la psychanalyse sont pensés parfois comme abstraits, éloignés de la clinique quotidienne. À rebours de cette critique, l’enjeu de ces trois Extensions vers les institutions est de montrer en quoi et comment les concepts de la psychanalyse sont des outils pour s’orienter. En ces temps où l’on voudrait croire que tout mal-être trouve sa cause dans les mécanismes neuronaux du cerveau, la psychanalyse affirme aussi la présence du sujet. Or le sujet ne parle pas dans le vide. « Qu’elle se veuille agent de guérison, de formation ou de sondage, la psychanalyse n’a qu’un médium : la parole du patient. L’évidence n’excuse pas qu’on le néglige. Or toute parole appelle une réponse » (Lacan, 1953). Laquelle ? Loin des recettes toutes faites, des standards, nous proposerons, à partir de cas singuliers, les réponses élaborées à partir d’une clinique orientée par l’écoute. Tout clinicien en institution (psychiatre, psychologue, infirmier, assistante sociale, éducateurs, psychomotriciens, etc.) y trouvera matière à interroger sa pratique.

Chaque matinée de formation intitulée traite d’un thème d’actualité clinique qui intéresse la pratique en institution. 

Présidées par Hervé Castanet, coordinateur de la Section clinique d’Aix-Marseille, elles se déroulent en deux temps :

  • Cinq exposés de cas cliniques par les enseignants de la Section Clinique d’Aix-Marseille suivis de
  • Conversation avec des invités spécialisés sur la question traitée. Discussion avec les participants.

Objectif de la formation

  • Acquérir des outils conceptuels et clinique sur une thématique spécifique permettant de s’orienter dans la pratique en institutions.

Matinée 1 : Extensions 1, le vendredi 3/03/2023 de 9h à 12h30 : Celles et ceux qui rencontrent une souffrance au travail

Nous étudierons ce que la souffrance au travail dévoile dans cinq cas issus de la pratique clinique en institutions puis nous éluciderons les réponses cliniques et leurs effets.

Une conversation avec des invités de disciplines affines, spécialisés sur la souffrance au travail permettront d’apporter leurs expériences en réponse à cette problématique.

Objectifs pédagogiques

  • Savoir élucider ce que la souffrance au travail désigne pour un sujet.
  • Disposer d’outils conceptuels pour orienter sa pratique clinique.

Argument :

Les formes de la souffrance au travail, nouveau mal du siècle, sont nombreuses et parfois dramatiques. Les médias s’en font l’écho et relèvent qu’elles sont liées aux nouvelles conditions de travail (exigence de rentabilité accrue, précarité de l’emploi, insécurité, interchangeabilité des « agents », etc.)

Que dit la psychanalyse de ces moments « d’affrontement à la réalité de la condition humaine ?[1] » Rappelons que tout travail est à la fois une cession de jouissance et la récupération d’un plus-de-jouir sous la forme d’une satisfaction plus ou moins réussie. Le travail comporte donc une valeur de symptôme – peut-être le plus efficace – au service de la civilisation.  À ce titre, il a des effets de construction mais aussi – à l’instar de la guerre – des effets de destruction virulents bien que moins visibles. Ainsi, depuis quelques années sont apparues, dans le champ du travail, des notions nouvelles, pour désigner des plaintes ou symptômes spécifiques telles que le burn-out, les risques psychosociaux, le harcèlement moral, signant la reconnaissance des solutions symptomatiques.

L’alliance du capitalisme et de la science a pour conséquence de nécessiter de moins en moins de travailleurs, auxquels suppléent des robots toujours plus performants. La concurrence effrénée pour « trouver une place » qui en découle, peut avoir des effets délétères. A contrario, l’hypothèse d’un revenu universel, assurant une satisfaction des besoins fondamentaux pour tous, donc un allègement, voire une exonération du travail, est-elle pour autant souhaitable ? La thèse de Lacan selon laquelle le travail comporte « un sens obscur » (i.e pulsionnel) et qu’il fournit un mode d’identification collectif, semble y objecter « C’est avec le savoir en tant que moyen de jouissance que se produit le travail qui a un sens obscur. Ce sens obscur est celui de la vérité.[2] » En effet, une vérité en souffrance se manifeste, à l’occasion, dans la maladie professionnelle, exprimant les démêlés du sujet avec la justice ou l’injustice.

Le dernier enseignement de Lacan livre des repères tout à fait pertinents pour interroger les formes actuelles du malaise au travail. Dans le séminaire XXI, par exemple, il souligne combien le lien social prend une prévalence de nœud (suppléant à l’érosion du Nom du père) qui « littéralement fait la trame de tant d’existences.[3] » Le monde du travail n’est-il pas devenu le théâtre où se révèle cet « ordre de fer social » qui succède à l’ordre patriarcal ? De nombreux sujets trouvent un nom dans le monde du travail et de sa loi sociale et, par conséquent, une identification qui les soutient. Comment ces sujets, déjà affectés par le déclin social du père et son remplacement par la fonction du nommer à, ne seraient-ils pas fragilisés par la précarité des emplois ? Ainsi, le « souffrant au travail » répond-il de plus en plus individuellement là où il pouvait jadis faire appel plus volontiers à la solidarité et la lutte collective.

Le clinicien orienté par la psychanalyse, s’il « n’entérine pas la réalité collective », ne peut qu’être concerné par la détresse, le sentiment d’exclusion, de déclassement, voire de déchéance. Il a à accueillir cette souffrance psychique dans les institutions ad hoc et la mettre au travail de la parole. Or, comment peut-on passer de la plainte socialement recevable (les signifiants courants) au symptôme particulier à tel sujet ? Quels sont les bénéfices de cette opération ? Cette extension se propose, en prenant appui sur des vignettes cliniques, de montrer la variété des réponses, pensées à partir de l’éthique de psychanalyse.

[1] Lacan J., Le Séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1986, p. 349.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XVII, L’envers de la psychanalyse, Paris, Seuil, 1991, p. 57.

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre XXI, Les non-dupes errent, leçon du 19 III 1974, inédit.

Matinée 2: Extensions 2, le vendredi 29/09/2023 de 9h à 12h30 : Celles et ceux qui ont subi une agression sexuelle

 « Il n’y a aucune chance qu’on ait la clé de l’accident de parcours qui fait que le sexe a abouti à faire maladie chez le parlêtre… » (Lacan, RSI, 8 avril 1975)

A partir de cinq exposés cliniques, nous étudierons les conséquences subjectives pour celles et ceux qui ont subi des agressions sexuelles. Nous analyserons les réponses cliniques apportées par chaque institution et leurs effets chez les sujets concernés et aussi pour les professionnels.

Nous étudierons les notions d’agression, du sexuel, et du trauma à partir des données de la psychanalyse

Nous entendrons comment d’autres disciplines (médico-sociales, juridiques) accueillent et répondent à celles et ceux qui ont subi une agression sexuelle.

Objectifs pédagogiques

  • Savoir discerner chez un sujet le traumatisme issu du passage à l’acte d’un qui lui a imposé sa jouissance par forçage et sans consentement.
  • Disposer d’outils conceptuels pour orienter sa pratique clinique.

Argument :

Révélées par les mouvements féministes récents (#Me Too, Balance Ton Porc…), les agressions et violences sexuelles sont mises à jour publiquement notamment via les réseaux sociaux. Cette dénonciation de « l’abus », alors resté sous silence, signe l’effondrement du règne du père, maintien de l’ordre établi, et dévoile le rapport des sexes entre eux. Celles et ceux qui ont subi une agression sexuelle sont confrontés à un trauma réel et souvent ravageant rendant « le rapport des deux sexes entre eux […]de plus en plus impossible[1] ».

Que dire des enfants et adolescents victimes d’agressions sexuelles qui s’adressent aux institutions ? Ces désordres liés aux agressions sexuelles sont tissés à titre divers de violence, d’emprise et de séduction.  Comment se dégager des conséquences mortifères de l’abus ? L’abus peut renvoyer au réel des agressions subies ou au ravage d’un imaginaire incestueux : « Le rapport sexuel, il n’y en a pas, mais cela ne va pas de soi. Il n’y en a pas, sauf incestueux…ou meurtrier »[2]

Comment entendre et/ou agir face aux situations d’agressions sexuelles au sein de l’institution ? Agir et non pas réagir est bien tout l’enjeu afin d’éviter de se livrer dans l’urgence à des situations qui croisent représentations, affects imaginaires et situations où le réel est en jeu. Cette clinique se situe aux confins du consentement, de la véracité des faits commis et/ou déclaratifs. Mais plus : elle relève de la clinique de passage à l’acte hétèro-agressifs. Traumatisme et passage à l’acte s’articulent, mais sont-ils pour autant de même nature ou de même structure ? Le traumatisme subi par une agression sexuelle relève aussi du registre de l’acte sur le versant passif. Le sujet a subi l’acte d’un autre ; Un passage à l’acte fait traumatisme dès lors que la jouissance de l’un s’impose par forçage et sans consentement. Nous parlerons ici d’attentat sexuel.

Cette matinée « extensions vers les institutions » à la visée de questionner, à partir d’élaborations de situations cliniques et d’échanges, cette délicate question et d’en dénouer les registres symboliques, imaginaires et réels. 

[1] Miller J.-A., « Une fantaisie », Mental, n°15, février 2005, p. 19.

[2] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’une-bévue s’aile à mourre », leçon du 15 mars 1977, publié in Ornicar ? n°17/18, Paris, Navarin, printemps 1979, p. 8-9.

Matinée 3: Extensions 3, le vendredi 24/11/2023 de 9h à 12h30 : Celles et ceux qui ont à faire un « travail de deuil »

Nous appréhenderons les problématiques liées au deuil, notamment lorsqu’il s’éternise et les réponses cliniques à partir de cinq exposés de cas issus de pratiques en institution.

Nous examinerons ce qui entre en jeu dans le processus de deuil. Nous distinguerons ce qui relève d’un deuil « normal », d’un deuil qui s’éternise en analysant pour chaque cas le rapport à la perte, à l’objet a, à la symbolisation et au manque.

Nous étudierons les pratiques institutionnelles qui accueillent la douleur de celles et ceux qui ont à faire un deuil. Cela à partir d’une conversation impliquant psychanalystes et professionnels d’autres disciplines médicales (médecins, psychiatres, oncologues).

Objectifs pédagogiques

  • Savoir discerner ce qui entre jeu dans le deuil ordinaire et celui qui s’éternise, « ne peut se faire ».
  • Disposer d’outils conceptuels pour orienter sa pratique clinique.

Argument :

On entend parfois parler d’un « travail de deuil » à faire ou qui ne se fait pas et s’éternise dans un état « dépressif ». Mais qu’est-ce qu’un deuil « normal » ? La souffrance liée à la perte d’un être cher relève-t-elle de la maladie ? Et donc quand peut-on considérer qu’un deuil est pathologique et nécessite de consulter ?

Freud s’est penché sur la question du deuil dans un texte de 1915[1] où il examine les différences entre un deuil que l’on peut qualifier de « normal » et la mélancolie où la souffrance s’éternise sans trouver de résolution.

Il nous rappelle dans ce texte qu’un deuil qui ne se fait pas, se constate à l’impossibilité de désinvestir l’objet qui a été perdu. La libido ne se détache pas progressivement de l’objet pour réinvestir d’autres objets dans le monde et dans la vie.

Pour autant lorsqu’un deuil ne se fait pas s’agit-il de mélancolie ?

Toujours dans ce texte, Freud donne des précisions sur le deuil impossible que constitue la mélancolie : le sujet est affligé par une perte qu’il ne sait pas nommer. A la différence du deuil ordinaire, il ne sait pas ce qu’il a perdu. De plus dans la mélancolie, ce n’est pas le monde qui se vide mais le sujet lui-même qui ne se soutient plus et qui s’accable de reproches.

Sans relever de la mélancolie ainsi décrite, il y a des deuils qui s’éternisent. Les sujets qui y sont affrontés ne se remettent pas d’une perte et malgré le temps, malgré les encouragements, la vie ne reprend pas son cours.

La psychanalyse avec Freud puis Lacan, s’est donnée des outils conceptuels pour penser ces différents cas et différentier un processus normal de deuil, d’un deuil que l’on peut qualifier de pathologique lorsqu’il s’éternise. L’un de ses outils conceptuels est l’objet a, soit cette perte d’être inhérente à l’entrée dans le langage. Devant chaque cas de sujet affronté à un deuil qui « ne se fait pas », le clinicien doit s’interroger sur le rapport à la perte, le rapport à l’objet a. Cette perte a-t-elle été symbolisée ? S’est-elle transmutée en manque ? Lorsque c’est le cas, sujet a pu s’élancer dans une course désirante.

Ou bien cet objet a n’a-t-il pas été extrait, laissant le sujet encombré de sa présence ? Dans ce cas, l’être cher disparu peut se faire trop présent, d’une présence envahissante qui barre tout élan vital du sujet ainsi endeuillé.

Ces questions trouveront leur éclairage dans les différents exposés cliniques qui seront présentés puis discutés lors de cette matinée consacrée à Celles et ceux qui ont à « faire un deuil ».

[1] Freud S., « Deuil et mélancolie », 1015, Métapsychologie, Paris, Gallimard, 1974.

Qualité et indicateurs de résultats :

  • Évaluation de la satisfaction pour chaque matinée en cours d’obtention pour l’année 2023
  • Nombre total de participants lors des 3 matinées : 90 participants

Accessibilité : 

Nos formations peuvent être accessibles aux personnes en situation de handicap. Elles sont dispensées en visioconférence. Pour les personnes en situation de handicap, merci de contacter notre référent handicap Hervé Castanet au 06 03 70 67 75 et/ou par mail : section.clinique.am@gmail.com  afin de vous accompagner et vous orienter au mieux dans votre demande et vos démarches.

Modalité d’entrée en formation

Pour toute inscription, veuillez remplir le bulletin d’inscription en attache à la brochure sur le site : https://psychanalyse-map.org

A la suite de votre inscription, la Section Clinique d’Aix-Marseille vous enverra un questionnaire de préformation

Délai d’accès : Inscription possible jusqu’à 15 jours avant le début de la formation. 

Tarif de la formation 

  • Inscription à titre individuel : 30 euros/matinée ou 90€ pour les trois matinées
  • Inscription Demi-tarif pour les étudiants de moins de 26 ans (joindre justificatif) :  15 euros/matinée
  • Inscription au titre de la Formation Permanente (FP) : 50€/matinée ; 150€ pour les trois matinées

Profils des apprenants : 

  • Psychanalystes
  • Psychologues
  • Psychiatres
  • Professionnels de la santé (médecins, internes en psychiatrie, infirmiers(es) diplômes d’état
  • Psychomotriciens, orthophonistes
  • Juristes
  • Enseignants
  • Travailleurs sociaux et médico-sociaux (éducateurs, assistants sociaux…)
  • Directrices et directeurs, chefs de services des institutions médico-sociales

Prérequis : 

  • Niveau 5 et plus
  • Connaissances en Psychanalyse

Équipe technique : En cas de difficulté de connexion à la visioconférence, une hotline est à disposition des inscrits : extensions.sc.2023@gmail.com

Équipe pédagogique
Les enseignants, médecins ou psychologues de formation, pratiquent la psychanalyse et sont membres de l’ECF et de l’AMP.

Coordination de la formation :

Hervé Castanet, psychanalyste membre de l’École de la Cause freudienne et de l’Association mondiale de psychanalyse, Professeur des universités.

Enseignants :

Sylvie Berkane Goumet, psychologue clinicienne, membre de l’École de la Cause freudienne
Hervé Castanet, professeur des Universités, membre de l’École de la Cause freudienne
Françoise Haccoun, psychologue clinicienne, docteure en psychopathologie clinique, membre de l’École de la Cause freudienne
Dominique Pasco, psychologue clinicienne, membre de l’École de la Cause Freudienne
Élisabeth Pontier, psychologue clinicienne, membre de l’École de la Cause freudienne
Patrick Roux, psychologue clinicien, membre de l’École de la Cause freudienne

Moyens pédagogiques et techniques

  • Envoi d’un lien Zoom une semaine au préalable et la veille.
  • Accueil des participants sur cette adresse Zoom dès 8h30.
  • Exposés de cas cliniques issus de la pratique en institution.
  • Discussion des exposés.
  • Conversation avec des invités de disciplines affines spécialisés sur la question traitée.
  • Bibliographie recommandée envoyée au préalable à chaque inscrit.
  • Interviews vidéo réalisés spécialement pour introduire la question clinique traitée par chaque matinée, envoyées au préalable à chaque inscrit.
  • Interview écrit ou vidéo de présentation de chaque invité de la conversation envoyé au préalable aux inscrits.

Dispositif de suivi de l’exécution de l’évaluation des résultats de la formation

  • Feuilles de présence.
  • Formulaire d’évaluation de la formation. 
    •  Évaluation des acquis : Questionnaire des acquis en fin de formation
  • Évaluation de la satisfaction : 
    • À la fin de chaque matinée de formation (à chaud). 
    • 90 jours après la formation (à froid). 
  • Attestation de réalisation de l’action de formation.