Que pouvons-nous dire de la rencontre de la psychose au CPCT ? Dans le public rencontré, un certain nombre de sujets sont psychotiques, mais nous sommes plus souvent dans le registre de ce que J.-A. Miller a nommé « la psychose ordinaire » et que d’autres courants considèrent comme des « états-limites » ou « des psychoses blanches ». Ces sujets ont trouvé jusque là des solutions suffisamment solides pour tenir dans la vie et ne pas basculer dans la décompensation.
Certains sont dans un « je n’en veux rien savoir » à propos de leur pathologie et, en conséquence, refusent de se soigner.
Dans le travail, il s’agit de manœuvrer de façon à leur permettre de repérer les solutions qu’ils avaient mises en place antérieurement et d’y prendre appui. Pour d’autres, qui ont décompensé, il s’agit de les accompagner à accepter le fait qu’ils ont besoin d’un traitement médicamenteux. En effet, le CPCT n’est pas un lieu de soin, il n’y a jamais de prescription médicale. Quand un traitement s’avère nécessaire, il faut parfois beaucoup de temps pour amener ces sujets à accepter de s’adresser à un psychiatre. Et dans ces cas-là, nous avons à inventer, avec le dispositif qui est le nôtre, quitte à parfois tordre un peu le cadre.
Par exemple, récemment une jeune femme âgée de 27 ans, s’est adressée au CPCT « pour, dit-elle, se structurer, s’ancrer, se construire ». Elle ne cessait d’interrompre les différents traitements qui lui avaient été prescrits par différents psychiatres auxquels elle s’était adressée. Elle repérait bien qu’elle ne supportait aucune contrainte, ni aucune demande de l’Autre et, par conséquent, aucun cadre institutionnel – qu’il s’agisse du cadre de ses études, d’un cadre professionnel ou même de celui du soin (elle a en effet tenté de se faire hospitaliser dans une clinique psychiatrique mais a très vite été renvoyée car elle ne pouvait rien supporter). Au CPCT également le cadre posait problème : elle a failli interrompre le traitement quand je lui ai demandé d’être plus ponctuelle. Elle a pu néanmoins se servir de ce lieu grâce à une manœuvre du transfert : j’ai dû adapter le cadre en la recevant sur une année tout en maintenant le nombre de séances maximum qui est de 16. Ainsi à la fin du traitement, après avoir erré de médecin en médecin, de sa ville d’origine à celle de Marseille, elle a pu se fixer auprès une psychiatre suffisamment souple et en même temps présente à laquelle je l’avais adressée.
Il s’est agi dans la rencontre avec ce sujet d’accuser réception de son appel au CPCT et de l’amener à identifier les coordonnées qui la poussaient à s’éclipser de l’Autre. Ses allers retours au CPCT lui ont permis de limiter son errance et ses passages à l’acte pour s’appuyer sur la parole : la sienne et celle de l’Autre et « s’ancrer » un minimum dans un lien à un Autre assoupli.
Catégories :Colloque Psychiatrie-Psychanalyse, Le Blog CPCT
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