Un discours subjectivé
Au cours des premières séances, Aurélia reprend les signifiants de l’Autre maternel pour raconter son histoire. Elle évolue dans un environnement familial complexe et conflictuel. Elle se perçoit comme l’objet de ces conflits en disant, par exemple, qu’elle est utilisée pour « faire du mal à Maman […] J’ai l’impression d’être une boule de bowling, et ma mère, ce sont les quilles ». Elle est par ailleurs l’objet de situations dont elle n’a pas la maîtrise. Nous orientons le suivi vers une subjectivation du discours quant à son histoire. Nous parions ici sur l’aspect dynamique du fantasme où « chaque fois que nous parlons de fantasmes, il faut que nous ne méconnaissions pas le côté « scénario », le côté « histoire », qui en forme une dimension essentielle (…) où le sujet se met lui-même en jeu dans ce « scénario »[2]»
Question des origines et identification
Au bout de quelques séances, Aurélia mentionne un élément faisant identification pour elle : ses origines paternelles. En relatant sa réponse à une insulte raciste, elle précise « je ne suis pas arabe, je suis kabyle ». Elle s’interroge alors sur cette culture dont elle dit ne rien connaître. La question de la langue apparaît lors d’un rêve au cours duquel elle aurait un petit frère qui parlerait kabyle : Aurélia prête à un autre ce qu’elle découvre être un manque chez elle. C’est également sur ce trait que se portent ses choix amoureux. Nous pourrions faire l’hypothèse que le traitement de la question des origines du côté paternel permettrait une ouverture du champ des identifications.
Un travail de séparation
En début de traitement, Aurélia était accompagnée par sa mère. Par la suite, elle est venue seule aux rendez-vous, tout en évoquant longuement au fil des séances leur complicité, le temps passé ensemble, le fait d’ « aimer passer du temps dans la chambre » avec elle lorsqu’elles étaient en vacances. Dans ce premier temps du traitement, interroger l’existence d’autres relations ramène systématiquement Aurélia aux autres enfants qui l’humilient à l’école. Mais, petit à petit, au cours du traitement, des transformations opèrent dans le lien social. Aurélia nous parle de nouveaux amis, d’excuses lui ayant été formulées par une copine s’étant « mal comportée », du fait de pouvoir aller chez ses camarades pour faire des devoirs ou pour dormir chez eux. D’autres relations peuvent être investies. Elle amène également la question de l’amour en nous parlant d’un garçon amoureux d’elle. Nous pouvons faire l’hypothèse que ce lieu d’adresse que constitue le CPCT, ait pu opérer comme tiers entre Aurélie et l’Autre maternel.
[1] Lacan Jacques, Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse in La psychanalyse, 1953, PUF, p.139
[2] Lacan Jacques, Le séminaire, livre V. Les formations de l’inconscient, 1957-1958, éditions Piranha, format thèse universitaire. p. 284
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