SC. Colloque 2019 – « Une politique du symptôme » par Danièle Olive

En préparation du Colloque Psychiatrie-Psychanalyse des 26-27 septembre, Danièle Olive, psychiatre, psychanalyste, membre de l’ECF et de l’AMP, enseignante à la Section clinique de Rennes répond aux questions de Dominique Pasco, enseignante à la Section clinique d’Aix-Marseille.

Une politique du symptôme.

Saisir, avec la psychanalyse, en quoi le symptôme avant d’être un trouble est une première réponse à l’insupportable rencontre avec le réel, restitue une place au sujet, et permet au consultant de s’en faire partenaire, là où les outils bien mal ajustés du diagnostic et du traitement psychiatriques rencontrent vite leur limite, et sont si souvent vecteurs d’un pousse-à-la-normalisation.

C’est pourquoi, cette question, quelle politique du symptôme, aujourd’hui ? nous oriente au BAPU de Rennes.

Les autorités sanitaires, aux prises avec des problèmes de rangement (errance thérapeutique, doubles prises en charge) et armés du DSM, tentent par une kyrielle de procédures, guichets d’entrée dans le soin, plate-formes d’orientation, réponse accompagnée pour tous, filières de soin… d’éduquer le symptôme afin qu’il trouve sa supposée bonne adresse.

Dans la rencontre avec les tutelles, il s’est agi pour nous de tenir à l’accueil des premières demandes, au plus près de l’urgence subjective qui permet à l’étudiant de prendre rendez-vous, ainsi que de maintenir dans notre présentation, la référence certes un peu vague, à l’étudiant en difficulté psychologique, sans en rajouter sur la longue liste des diagnostics. Favoriser l’identification à l’étudiant plus qu’à celle d’un symptôme « prêt à porter » pour faire une place à l’angoisse qui le plus souvent a motivé l’appel.

Cette orientation ne va pas sans la prise en compte des formes que prend le malaise contemporain et notamment l’usage des signifiants du diagnostic comme mode de traitement et d’arrimage au lien social. Dans ce moment de perte de consistance de ce qui fait autorité, exception, au profit d’un savoir expert, le recours des étudiants aux sites internet et aux forums pour loger leur malaise est fréquent et s’accompagne souvent d’une délocalisation du transfert et de cette errance d’un spécialiste à un autre identifiée par les organismes payeurs. Mais ces nominations standards si elles bordent quelque chose de la jouissance du sujet, ne disent rien de sa singularité. Nous faisons au BAPU le pari que la parole du sujet trouve à se localiser dans le transfert, et aille du côté d’un dire qui porte à conséquence quant à la façon de répondre à ce qui lui arrive, que ce soit pour quelques séances ou plus longuement selon les cas.

 Lacan situe la fonction du symptôme comme ce qui permet d’attraper la jouissance dans ce qu’elle a d’indicible. Se faire destinataire du symptôme c’est, nous dit Eric Laurent, « remettre en circulation l’agalma qui s’était cristallisé dans l’identification à un symptôme commun (…) et rendre le symptôme à sa double contingence, il s’inscrit dans un Autre déjà là et en un corps où il fait évènement »[1]. Il relève dans la subjectivité contemporaine « la quête d’un symptôme qui vaudrait la peine d’y croire »[2] et il nous propose comme programme d’action de la psychanalyse de « faire croire au symptôme ». « Trouver la façon de s’adresser à l’angoisse du sujet, c’est lui faire entendre que les symptômes inédits de notre civilisation sont lisibles »[3].

[1] Laurent Eric., « La société du symptôme », Quarto 79, p. 8.

[2] Ibid

[3] Ibid

Le programme et la liste des intervenants

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