SC. Colloque 2019 – Interview – Fabio Bittencourt-Lima

En préparation du Colloque Psychiatrie-Psychanalyse des 26-27 septembre, Fabio Bittencourt-Lima, psychiatre, médecin responsable de l’Hôpital de Jour Pressensé et du CATTP Michèle Bastianelli (Hôpital Edouard Toulouse), répond aux questions de Jennifer Lepesqueur, participante à la Section clinique d’Aix-Marseille.

 Que vous évoque le thème du colloque : « Psychiatrie psychanalyse quel nouage ? La clinique comme boussole » ?

Un appel du pied à la communauté médicale et paramédicale intéressée par la souffrance psychique afin de redonner à la clinique sa place de construction d’un savoir. Ceci à l’heure où les acteurs de la psychiatrie publique sont acculés à un mode opératoire quasiment centré sur la gestion de crises. La richesse de la sémiologie psychiatrique, les modélisations diverses des auteurs classiques sont peu à peu abandonnées au détriment d’une pratique réduite à un ensemble d’actes et procédures – quantifiables – soutenus par un discours mystificateur d’efficacité. La réflexion clinique est ce qui légitime notre praxis.

La clinique est être au chevet du malade, cela suppose d’observer les signes et d’écouter les dits du patient. À l’heure où la rééducation et l’éducation priment dans le foisonnement des thérapies actuelles, comment aborder le malade dans sa singularité, et avec sa bizarrerie, selon vous ?

La rééducation thérapeutique est peut-être le plus récent témoignage d’échec de l’acharnement de la psychiatrie à vouloir éliminer le symptôme. La rééducation, en tant que pratique médiatisée par la parole, ne serait-elle pas un fléchissement d’une psychiatrie devenue trop éloignée du sujet ? L’expérience nous montre que, si nous nous donnons les moyens de créer une alliance avec le patient, celui-ci va souvent nous surprendre. Ce n’est qu’à condition de se soumettre à une écoute régulière, durable et absolument accueillante de la parole de nos malades, le plus dissocié soit-il, que sa singularité aura plus de chance de se déployer et, par la même occasion nous donner quelques pistes pour un traitement possible. Les structures comme les hôpitaux de jours et les CATTP sont des lieux particulièrement privilégiés dans l’accompagnement de ces malades.

Lacan disait qu’il ne fallait pas reculer devant la psychose. Qu’y a-t-il à transmettre de cela à l’adresse des psychiatres, psychologues, infirmiers qui travaillent en psychiatrie ?

Nous aurions beaucoup à gagner en interrogeant tous ces préjugés qui font obstacle à la rencontre avec la psychose : les « toxicos » ; ceux qui ne disent rien, dont le discours est pauvre ; les agressifs ; les manipulateurs ; ceux qui cherchent les bénéfices secondaires d’un traitement etc. Et avoir la lucidité et l’honnêteté intellectuelle d’admettre que la folie n’est pas le produit d’un agent exogène greffé dans une psyché saine. La psychose a une genèse. Les approches aussi bien individuelles qu’institutionnelles des malades sont essentielles dans le repérage de l’émergence de la psychose.

 

Le programme et la liste des intervenants

Je m’inscris au colloque



Catégories :Colloque Psychiatrie-Psychanalyse