En préparation du Colloque Psychiatrie-Psychanalyse des 26-27 septembre, Jacques Borie, psychanalyste à Lyon, membre de l’ECF et de l’AMP, coordinateur de la Section clinique de Lyon, répond aux questions de Jean-Louis Morizot, enseignant à la Section clinique d’Aix-Marseille.
Une place à trouver
Dans la problématique psychiatrie-psychanalyse notre époque se caractérise par le peu de place faite à la découverte freudienne. On peut même dire que c’est une forclusion. Les signifiants maîtres l’ignorent alors que c’était la référence dominante, il y a encore quelques dizaines d’années. Il me souvient d’avoir fait mes premiers stages cliniques dans l’hôpital psychiatrique historique de Lyon dont la majorité des médecins-chefs se recommandaient alors de la psychanalyse ; et même, plus ennuyeux, il convenait de s’allonger pour faire carrière. Ce que Lacan ne manqua pas de fustiger indiquant à l’occasion qu’il éconduisait ceux qui se présentaient à lui sous ce mode. Aujourd’hui, on ne connait pas l’innocent qui se soutiendrait d’une telle demande.
Dans le même hôpital évoqué ci-dessus le projet médical d’établissement en cours de validation ne cite pas une seule fois la psychanalyse pas même la psychopathologie. Le signifiant-maitre à tout faire est le « neuro-développement » accompagné d’une solide formation en management des équipes que personne — médecins en premier — n’est censé ignorer.
Cette logique associant réduction drastique du personnel, discours purement managérial et abandon de tout intérêt pour la parole des patients, « On ne s’y intéresse que pour mesurer l’effet des médicaments », disait récemment un professeur de psychiatrie, pour regrettable qu’elle soit, a pour conséquence de laisser les psychiatres encore intéressés par la clinique sans recours devant leur patient, au-delà des pratiques telles que l’ordonnance et les mesures de contraintes physiques.
Paradoxalement, c’est là qu’une place s’ouvre pour la psychanalyse, non pas comme théorie explicative générale, mais comme pratique de la conversation s’intéressant à la plus extrême singularité, celle qui ne se repère que si on la cherche dans les plus infimes détails de la parole du sujet, ses trébuchements, bizarreries, inventions diverses, etc., bref dans l’inattendu. Il ne s’agit pas tant de proposer une autre classification des symptômes que de suivre les indications que nous donnent ces sujets — fussent-ils les plus fous — sur leur effort pour répondre du trou apparu dans leur existence. On peut alors se faire partenaire de ces bribes de solution. Il apparait au travers des présentations de malade que nous faisons dans les hôpitaux que des cliniciens de plus en plus nombreux s’adressent à nous pour ne pas renoncer à l’éthique de leur métier qui part toujours d’un « se sentir concerné ».
Le programme et la liste des intervenants
Catégories :Colloque Psychiatrie-Psychanalyse
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