SC. Colloque 2019 – Interview – Claudine Valette-Damase

Claudine Valette-Damase est psychanalyste et enseignante à la Section clinique de Clermont-Ferrand. Elle répond aux questions de Françoise Haccoun, enseignante à la Section clinique d’Aix Marseille

Que vous évoque ce thème du colloque nouage psychiatrie/psychanalyse en lien avec votre pratique ?

L’urgence !

Il n’y a plus une seconde à perdre pour remettre la parole du sujet au cœur de ce nouage. Aussi le colloque que vous préparez, est-il des plus salutaires. Chaque personne, chaque famille, chaque institution, confrontée à la souffrance d’un symptôme insupportable trouve de plus en plus difficilement le lieu et le lien nécessaires mais toujours contingents, pour tenter de trouver une voie afin d’alléger cette souffrance et de savoir-faire avec ce « ça ne va pas » impossible à éradiquer.

Aujourd’hui, les symptômes sont considérés comme des troubles à éradiquer, l’observable et le quantifiable, le tout neuro comme on dit, prennent le pas sur la dimension subjective. Que faire selon vous pour préserver nos trésors cliniques

Je répondrai à brûle-pourpoint à votre question : trouver un biais pour se repérer dans l’univers du trouble et pour cela, il n’y a aucun protocole valable. Alors quel biais ai-je choisi pour ma pratique ?

Il y a une vingtaine d’années alors que je travaillais auprès des personnes atteintes d’une maladie de type « Alzheimer » si difficiles à traiter et à accompagner, j’ai lu cette phrase du psychanalyste Jacques-Alain Miller, extraite d’un texte intitulé « Santé mentale et ordre public » et depuis elle me sert de boussole.

« Tout ce qui n’est pas physique chez l’homme n’est pas mental. Il y a quelque chose qui n’est pas mental, même s’il y paraît. C’est la pensée nommée par Freud l’inconscient. L’inconscient n’est pas de l’ordre du mental et doit être distingué de la mens – mens sana in corpore sano. Ce qui empêche la mens saine et le corps sain, c’est l’existence dysharmonique d’une pensée. Quelle est la définition la plus classique de la santé ? La santé se définit comme le silence des organes. Mais il y a l’inconscient, qui ne se tait jamais, et ainsi, il n’aide en rien l’harmonie. »

La clinique disait Lacan « est le réel en tant qu’il est l’impossible à supporter ». Un petit commentaire en lien avec votre formation de psychanalyste ?

Dans notre civilisation où cerveau et gènes règnent en maîtres absolus, comment la question de l’inconscient peut-elle s’ouvrir pour préserver à l’existence sa part d’énigme et de mystère ?

La médecine psychiatrique et la psychanalyse bien qu’antinomiques ont en commun d’essayer de trouver une issue à ce qui paraît sans solution.

Dans ma pratique de psychanalyste, je reçois des sujets psychotiques, des sujets déments qui trouvent dans l’analyse un certain soulagement et bien au-delà. Au fil de leur prise dans la parole dans le transfert, chacun peut repérer le bricolage qu’il a inventé pour se débrouiller avec l’insupportable de son symptôme. Le plus souvent, cela est rendu possible parce qu’ils sont soignés par un psychiatre qui sait allier le diagnostic avec un traitement qui ne tient pas qu’à l’hégémonie du médicament, et aussi, parce que dans les moments plus difficiles, ils peuvent trouver encore abri dans une hospitalisation.

Ce nouage psychiatrie/psychanalyse efficace et si précieux pour traiter du réel avec lequel ces sujets ont partie liée, est de plus en plus de l’ordre de la prouesse du fait d’une psychiatrie actuelle qui dénie l’être parlant.

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