SC. Colloque 2019 – Interview – Claudine Schoukroun

En préparation du Colloque Psychiatrie- Psychanalyse des 26-27 septembre,  Claudine Schoukroun, responsable en ingénierie sociale et participante à la section clinique, répond à la question d’Elisabeth Pontier, enseignante à la Section clinique d’Aix-Marseille: qu’est-ce qui, dans l’enseignement de Lacan, vous sert de boussole dans votre pratique au quotidien?

Un quotidien

J’occupe une fonction de cadre supérieure dans une institution, engagée depuis 40 ans dans le champ du Travail Social. Travail social en tant qu’appareil national agissant au nom de politiques publiques. Celui-ci fait appel à des interventions sociales dont les professionnels sont les acteurs. Ainsi la pratique de chacun mobilise bien des registres et des affects. C’est pourquoi tout un chacun n’a pas la pratique qu’il veut mais celle qu’il peut. Un processus d’analyse théorique et méthodologique peut contribuer à une relative mise au clair et à une prise de distance utile. Et pour tenter cette analyse, il s’agit d’avoir repéré ses références.

Mon quotidien est fait de pratiques-managériales-de personnes et de projets. Je me dois, dans les responsabilités qui m’incombent de penser et agir (et réciproquement agir et penser) les situations. Ainsi, je suis animée par une approche transdisciplinaire : décloisonnement des disciplines et des professions, prise en compte des nouages entre les questions sociales, politiques, organisationnelles et les questions intimes, subjectives. L’enseignement au sein de la « Section clinique de psychanalyse d’Aix-Marseille » me permet de travailler les logiques psychiques et les questions subjectives.

Un bricolage orienté

S’intéresser à la logique de l’inconscient permet d’avoir quelques notions théoriques et méthodologiques pour tenter « d’attraper » des éléments d’une situation professionnelle et ainsi poursuivre le travail de façon orientée. Il ne s’agit pas de citer Lacan telle une doxa, ou reprendre certaines de ses phrases comme omni explicatives ! J’essaie de me laisser guider par les références et bricoler avec des manques, des savoirs, des interactions, des désirs de comprendre et de partager. Les dispositifs à élaborer autour de la parentalité, la scolarité, l’accompagnement des jeunes… sont par exemple pensés en prenant en compte les dimensions réel – symbolique -imaginaire. Les relations hiérarchiques, relations d’encadrement et d’accompagnement ne sont pas déconnectées des affects, ne sont pas -désaffectivées- je ne suis pas dans une posture de clinicienne mais je me dois de prendre en compte les résistances des uns, les ambitions des autres ou encore des comportements spécifiques qui pourraient entraver ou dynamiser une équipe. Prise, moi aussi subjectivement dans la complexité de ces situations, l’orientation psychanalytique me permet de faire un pas de côté. Les théories contemporaines du management offrent des outils de gestion mais outiller mon écoute avec l ‘approche lacanienne contribue grandement à apaiser des conditions d’exercice.

Pour conclure

L ‘orientation analytique interroge l ‘idéal de maîtrise et permet de gagner en lucidité? On ne devrait pas s’épuiser au quotidien à vouloir que les choses soient telles qi’on les imagine Il s’agit simplement (sic) de pratiquer de façon raisonnée et argumentée, de penser l ‘éthique de ses pratiques et de mettre en réserve les questions d’égo. Aussi je citerai Lacan pour conclure: « Il ne faut pas ahaner à la rame quand le bateau est dans le sable… » Approche précieuse au quotidien: ne jamais ramer sur le sable!

Le programme et la liste des intervenants

Je m’inscris au colloque



Catégories :Colloque Psychiatrie-Psychanalyse