La déprise sociale désigne une réalité sociale et subjective que les cliniciens connaissent bien : des sujets arrêtent leurs études, perdent leur travail, sont rebelles aux tentatives de réinsertion, se coupent de leur famille, de leurs amis, de leurs réseaux de vie, etc. À l’occasion, les toxiques sont leurs nouveaux partenaires. Ils se marginalisent, comme l’on dit. On en retrouve certains dans les hôpitaux psychiatriques, les dispensaires, les multiples structures d’accueil. La précarité est devenue leur monde. Certes, cette précarité est avant tout socio-économique. Mais il y a plus : une autre précarité se dévoile – nommons-la subjective. Les amarres à l’Autre, qui donnent appui et repère, lâchent.
La déprise sociale signe souvent la psychose et ouvre, pour être prise en charge de la bonne façon, à une clinique qui doit être attentive aux signes discrets d’une position subjective. Le clinicien connaît les formes extraordinaires de la psychose, que les psychoses psychiatrisées révèlent. Mais être attentif aux signes discrets qui attestent, aussi, de la psychose, prend désormais un poids nouveau. Ce sont des psychoses ordinaires que la précarité socio-économique peut voiler.
La psychanalyse offre des balises pour s’orienter dans cette clinique de la déprise sociale. À partir de cas cliniques, ce colloque se propose de construire les enjeux des formes actuelles du malaise.