En médecine, l’adjectif clinique désigne ce qui se fait au lit du malade. Le Littré propose la définition suivante : Médecine clinique, celle qui s’occupe du traitement des maladies considérées individuellement. La clinique, comme substantif, est une action orientée par un savoir – la doxa médicale – mais sa visée est toujours pratique : intervenir sur le corps souffrant hic et nunc.

Auguste Rodin, Camille Claudel.
Jacques Lacan, jusqu’à la fin de sa vie, a assuré ses présentations de malades dans des services hospitaliers de psychiatrie. En effet, la présentation clinique des malades a ses lettres de noblesse dans la psychiatrie, notamment universitaire, pour sa valeur d’enseignement et de formation.
Pourquoi des psychanalystes, orientés par Lacan, continuent-ils à la pratiquer au sein de la Section clinique ? Veulent-ils mimer le savoir du maître aujourd’hui disparu ? N’est-ce pas humiliant pour le malade hospitalisé ? Pourquoi accepter la présence de plusieurs dizaines de participants ? Cette assistance n’est-elle pas en position de voyeur ?
À rebours de ces critiques, la présentation actualise deux questions qui ont valeur d’enjeux :
> En quoi l’entretien, non-réitéré, avec un psychanalyste peut-il avoir, pour le malade hospitalisé qui a donné son accord, valeur de rencontre ?
Il parie sur l’effet du discours analytique en ceci que, décentré par rapport aux logiques cliniques de la psychiatrie ou de la psychologie, il affirme un sujet de l’inconscient. La psychose, loin d’y objecter, révèle dans sa spécificité ce qu’est un sujet psychotique.
> En quoi l’enseignement de Freud et de Lacan permet-il de s’orienter dans une parole qui, de ne pas être ordonnée par le Nom-du-Père, oblige le sujet à des modalités pour faire avec ?
C’est le repérage structural (années 1950-1970) de la psychose et des réponses au trou forclusif (Verwerfung). La fin de l’enseignement de Lacan (années 1970-1980) pose une autre question : si l’Œdipe n’est qu’une fiction délirante, que devient la référence au sujet dit aliéné ? La psychose y est pensée en termes non plus de déficit mais d’invention.
Conduite avec doigté et respect, la présentation clinique interpelle le psychanalyste au point le plus vif de son acte et de la mise à l’épreuve des concepts.
Elle vérifie la rupture qu’introduit la référence à la psychanalyse. Psychiatrie et psychologie feraient bien d’en prendre de la graine !
Hervé Castanet
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