La Section clinique d’Aix-Marseille propose un séminaire théorique intitulé : « Clinique de l’urgence – déclenchements, passages à l’acte, traumatismes, ruptures amoureuses, violences sexuelles… Les réponses de la psychanalyse ». Il fait partie intégrante de la formation 2021 de la Section clinique « Clinique de l’urgence » et se tiendra de janvier à juin 2021 en présentiel. Ci-dessous une une courte vidéo de présentation de ce cours/séminaire théorique par le Pr. Hervé Castanet, membre de l’École de la Cause freudienne, psychanalyste à Marseille, ainsi que l’argument.
Une évidence : l’urgence fait le quotidien du clinicien (du psychiatre, du psychologue notamment mais pas seulement) dans les dispositifs hospitaliers ou dans ceux qui accueillent, à divers titres, des patients toujours plus nombreux dits en « souffrance psychique ». Le mot « urgence » va de soi et indique que le temps pour y répondre est compté. Le temps, entendu comme durée, n’est plus l’allié de l’acte clinique. Il faut répondre à l’urgence dans… l’urgence. La distance, la réflexion, le temps pour comprendre viendront plus tard. Cette urgence peut avoir des effets d’insupportable mettant le clinicien dans une impossibilité à suivre le rythme des actions qui se succèdent. Comment faire une clinique au long cours, avec ses enjeux de suivis, alors que chaque jour voire chaque heure de travail amène à devoir résoudre cinq, dix situations singulières ? Ces propos s’entendent et il suffit de tendre l’oreille pour repérer la souffrance des soignants…
Ce thème du séminaire théorique choisi pour cette session 2021 : « Clinique de l’urgence – déclenchements, passages à l’acte, traumatismes, ruptures amoureuses, violences sexuelles… », propose d’interroger ce qui fait urgence pour chaque être parlant et donner des repères pour que l’urgence puisse se délinéer dans sa logique. Notre avancée est ici : passer de l’urgence qui, par son exigence, la dureté de ses manifestations, implique l’action rapide et décidée à une mise en question de ce qui devient, pour chacun, épreuve d’une urgence.
La psychanalyse a des outils pour interroger l’urgence : cette dernière est une réponse, souvent insu de celui qui l’éprouve, à la rencontre d’un réel qui cogne. Et qui pourrait douter que l’énumération de ces formes cliniques que sont les déclenchements (psychotiques), passages à l’acte, traumatismes, ruptures amoureuses, violences sexuelles…, ne résultent pas de cette rencontre avec ce qui déstabilise l’assiette de l’être parlant ?
Lacan, en 1964, a donné une définition rigoureuse de cette rencontre qui est un choc, un insupportable avec le réel – une tuché : « La fonction de la tuché, du réel comme rencontre – la rencontre en tant qu’elle peut être manquée, qu’essentiellement elle est la rencontre manquée – s’est d’abord présentée … sous (la) forme … du traumatisme. … à l’origine de l’expérience analytique, le réel (s’est) présenté sous la forme de ce qu’il y a en lui d’inassimilable – sous la forme du trauma … et lui imposant une origine en apparence accidentelle … » Ces balises ont toujours leur pertinence pour la clinique. Combien de fois entend-on ces plaintes ainsi formulées : « Je n’y suis pour rien, la catastrophe m’est tombée dessus. J’allais bien et, patatrac, c’est l’effondrement, j’ai fait une mauvaise rencontre ! » Le réel traumatique est au-dehors, l’être parlant ne peut y faire face – c’est l’inassimilable – et les conséquences s’ensuivent passivant celui ou celle qui s’y affronte. Mais attention, Lacan nous dit que cette « origine accidentelle » n’est qu’une apparence. La causalité de la rencontre est donc à repenser.
Cette reformulation de la causalité sortira la clinique des mécanismes psychiques, toujours psychologiques, pour la porter à la logique – à la logique pure. La fin de l’enseignement de Lacan (années 1970-1980) dénudera le trauma non point comme un inassimilable extérieur rencontré mais comme l’effet du bain de langage qui, du dedans, fait l’être parlant. C’est la langue, in fine, qui est traumatique : les signifiants, vidés de toute signification, percutent le corps et produisent ces effets qu’il nomme « événements de corps ». C’est « lalangue », cette langue toute singulière, avant son ordonnancement grammatical et syntaxique, qui ne sert pas à communiquer mais à jouir, qui affecte le corps : « Le signifiant, c’est la cause de la jouissance », affirme Lacan dans son Séminaire Encore (1972).
Avec de telles balises, la place de l’urgence change. Nous proposons de les soumettre à la rigueur des cas cliniques tirées de ces situations énumérées. Qu’allons-nous découvrir ? Quelles sont les réponses de la psychanalyse ? En quoi l’analyste, dans son rapport à l’acte, peut-il être de quelques secours pour le clinicien ? Les cas seront notre boussole…
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