La Fédération des institutions de psychanalyse appliquée (FIPA) tient sa journée d’étude à Rennes samedi 17 mars sur le thème « Paradoxes de la demande ». Au coeur des échanges, les particularités des demandes adressées aux institutions de la FIPA abordées sous trois angles : l’origine de la demande, l’Autre à qui elle s’adresse, et l’accueil qui lui est donné.
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Le mot de Gil Caroz, président de l’ECF
La FIPA est un essaim d’institutions composé aujourd’hui de seize Centres Psychanalytiques de Consultation et de Traitement (CPCT) et de dix-sept initiatives spontanées inspirées par les CPCT sans en être. Disparates dans leur fonctionnement, ces institutions ont une référence commune : la psychanalyse lacanienne telle qu’elle est transmise par l’École de la Cause freudienne.. Par ailleurs, si elles sont organisées en fédération, c’est qu’elles partagent une visée politique qui demande de se serrer les coudes. Cette visée est celle d’un branchement sur le dit « social » afin de creuser un trou dans les pratiques psychothérapeutiques proposées par le maître qui écrasent le désir en le réduisant à une demande. Par conséquent, les institutions de la FIPA ne participent pas au « coltinage » de la misère du monde car celui-ci consiste à entrer dans le discours qui la conditionne et à y collaborer (Lacan, « Télévision », Autres écrits, Sueil, p. 517).
Le discours du monde contemporain, marqué par « l’objet au zénith », est affolant : l’omniprésence des écrans appelant le regard, l’injonction « travaille ! » faisant écho à l’obligation surmoïque de jouir, l’infinitisation des identifications et des choix sexuels. Cet affolement a son pendant : le burn-out par désespoir, l’auto-exclusion par débranchement, les passages à l’acte violents ou suicidaires.
La demande se produit au moment de la rencontre des manifestations de ce discours ambiant avec la psychanalyse. Quelles sont les conséquences de cette rencontre ?
La psychanalyse fait partie de ce discours car elle n’est pas moins « contemporaine ». Mais elle s’efforce de s’en décaler en pariant sur une ventilation par la parole de l’effet rouleau compresseur de la civilisation. L’offre de la parole est une proposition de parler sans prédire ce qui se dira. Ce pari ne signifie pas que tout peut être dit. Bien au contraire, il rend ses lettres de noblesse à l’indicible, à ce qui fait « mur » dans la communication et qui entretient le désir de dire toujours mieux. C’est ce pari qui se fait dans les institutions de la FIPA.
Les paradoxes de la demande ne sont que des variations sur la formulation que Lacan a intitulé la lettre d’amur : « Je te demande de me refuser ce que je t’offre, parce que c’est pas ça » (Lacan, Le Séminaire, livre XIX, … ou pire, Seuil, p. 81-82). La demande n’existe jamais en soi, de façon isolée. Il s’agit donc de mesurer à chaque fois le rapport complexe et parfois réciproque entre l’offre, la demande et la réponse qui lui est donnée. Car si l’offre crée la demande, la réponse la transforme. Autrement dit, si la demande dépend de la structure et des conditions de vie du sujet, elle est surtout déterminée par l’accueil de celui à qui elle s’adresse. Le praticien orienté par la psychanalyse le sait : dès la première rencontre, et parfois même en amont, il fait lui-même partie du tableau clinique.
Lors de la Journée de la FIPA 2018, prenant en considération les particularités des demandes adressées à ses institutions, nous aborderons ce thème sous les angles suivants : l’origine de la demande, l’Autre à qui elle s’adresse, et l’accueil qui lui est donné.
Gil Caroz
L’édito de Michel Grollier, L’Hebdo-Blog n°126 du 5 février 2018, spécial Journée de la FIPA
Pour lire le numéro de L’Hebdo-Blog dans son intégralité, cliquer ici.
Les paradoxes de la demande
Il est temps que la FIPA revendique sa place dans le champ social et politique, et la journée du 17 mars en sera le départ. Ces lieux, dispositifs et institutions portent une offre nouvelle dans la cité, une offre pour le sujet, à l’écart de toutes normes, et qui permet à chacun d’explorer les paradoxes de la demande. En effet, la dimension d’amour que porte toute demande se trouve entrainée dans ce que nous repérons comme transfert, un transfert qu’oriente la psychanalyse. C’est donc, par la position éthique mise en oeuvre, un effet politique qui se produit, effet de sujet que la psychanalyse provoque et soutien.
Notre action est politique au sens où notre action soutient un discours contre le discours du maitre moderne, discours qui rêve d’un monde sans ratage, ou tout fonctionne, comme l’espèrent les politiciens qui vantent un fonctionnement humain idéal – sur le « fonctionnement », voir le dernier plan autisme français.
Nous savons que le sujet se retrouve dans ses ratages, dans ce qui symptômatise sa présence au monde. Comme le disait Jacques-Alain Miller en 2003, « La psychanalyse n’est pas révolutionnaire, mais elle est subversive, ce qui n’est pas pareil, et pour les raisons que j’ai esquissées, à savoir qu’elle va contre les identifications, les idéaux, les signifiants-maîtres. »[1]
Face à l’injonction surmoïque d’un maitre qui infiltre le monde contemporain, la FIPA fait exister un lieu d’adresse qui autorise une autre rencontre, où un sujet peut trouver de nouveaux ancrages. Notre offre de parole autorise ratage, ouverture et invention originale, et nous rend, au un par un, responsable de la réponse que le sujet rencontre. Pour cette journée, nous allons donc à la rencontre des originalités inventés par ceux qui se sont engagés dans ces offres singulières, dans des CPCT, des lieux divers, voire des dispositifs qui subvertissent la dimension clôturée de certaines institutions.
Infos pratiques
Samedi 17 mars 2018, de 9h à 18h
Couvent des Jacobins, Palais des congrès
Place Sainte-Anne
35000 Rennes
Informations : 01 45 49 02 68 et fipa.rennes18@gmail.com
Tarifs et inscription en cliquant ici
Demandes à… Gil Caroz (président de la FIPA), Eric Zuliani (directeur du CPCT de Nantes), Jérôme Lecaux (directeur du CPCT de Lyon), Ariane Chottin, Daniel Roy, Philippe La Sagna, membres de l’ECF et de l’AMP…
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