CPCT. 15 mars. Aix-en-Provence – Après-midi clinique – « Souffrance au travail, mise au travail de la souffrance »

Détails et modalités ci-dessous

En 2011, nous avons organisé sous ce titre un colloque à la Rochelle et publié un livre qui a marqué. Treize ans après, nous reprenons ce thème. Où en est-on aujourd’hui en 2024 ? Quelles sont les réponses mises en acte dans notre CPCT ?

L’après-midi de travail est constitué de cinq exposés cliniques de patients reçus au CPCT. Chaque exposé sera discuté, interrogé. Un fil se dénude : qu’est-ce qu’une clinique au CPCT orientée par la psychanalyse qui tire des conséquences de la fin de l’enseignement de Lacan ?

De 15h à 18h.
Centre Hospitalier Montperrin, 109 av. du Petit Barthélemy, 13100 Aix-en-Provence.
Renseignements : 06 61 89 98 70 et 06 85 30 93 09
ou par mail : rendezvouscpctaix2023.24@gmail.com
Participation aux frais : 15 € – étudiants (moins de 26 ans) : 10 €

Le CPCT Marseille a été créé en 2007. Situé au Rond-Point du Prado à Marseille, il rassemble près d’une trentaine de consultants (psychiatres ou
psychologues de formation). Il est subventionné par les Pouvoirs Publics. Les consultations et les traitements y sont gratuits. Les consultants y sont bénévoles.
Le premier CPCT a été créé à Paris en 2003. Quel enjeu ?
1 — L’école de la Cause freudienne en a assuré l’ouverture et a soutenu son fonctionnement. Ainsi s’inscrit-il dans une action guidée par l’enjeu de la formation de l’analyste et sa garantie, soit la « psychanalyse pure ». Par ce lien avec l’école, le CPCT est un nouage de la psychanalyse en intention et de la « psychanalyse appliquée », que Lacan désigne comme la « thérapeutique ». Cette dernière interroge la doctrine de la cure et ses variations, et la casuistique (« Acte de fondation », 1964).
2 — En pratique, le CPCT reçoit toute personne s’y adressant avec son symptôme, son mal-être, son insupportable. Il ne recule pas devant les cas de psychose. Les consultants — terme préféré à celui de psychanalystes pour ce dispositif — se répartissent en deux groupes : ceux du groupe A assurent des consultations — de une à trois — pour juger de la demande et décider de la réponse à apporter. La personne est acceptée, refusée ou bien encore orientée vers d’autres structures plus adéquates (hospitalisation, prise de médicaments, etc.) ; ceux du groupe B assurent les traitements décidés, limités au plus à quatre mois (seize séances) renouvelables une fois. Les consultants du groupe A sont chevronnés. Ceux du groupe B peuvent inclure des psychanalystes en formation — mais pas seulement. Consultations et traitements sont donc gratuits et les consultants, bénévoles. Le CPCT voulu par Miller est un dispositif « expérimental » pour recueillir une clinique nouvelle, véritable work in progress : il est souple, allégé de sa partie administrative, évite d’être embolisé par l’« obscénité imaginaire » des effets de groupe, selon le mot de Lacan (« L’étourdit », 1973). Le nombre de consultants est limité à dix ou quinze. De même pour le nombre d’heures qu’ils y consacrent : deux par semaine. Les aides financières demandées aux pouvoirs publics sont modestes — soit le minimum pour pouvoir fonctionner. Bref, le CPCT est le contraire d’une grosse machine. Il ne rivalise ni avec les hôpitaux ni avec les dispensaires et leurs listes d’attente, tous soumis à l’autorité médicale.
3 – La clinique au CPCT, parce qu’elle vise un au-delà du principe de plaisir et parce qu’elle opte pour le hors- sens, sans point de capiton, est une pratique analytique appliquée à la thérapeutique et nullement une psychothérapie. Rencontrer la misère du monde et la précarité (financière d’abord, mais aussi sociale, culturelle, linguistique, etc.) n’implique pas nécessairement et exclusivement la psychothérapie. Le pari est que la psychanalyse a sa carte à jouer et peut apporter une vraie réponse avec ses effets de soulagement et
d’élaboration. Le consultant du CPCT ne peut oublier la mise en garde de Lacan : « Il est certain que se coltiner la misère […] c’est entrer dans le discours qui la conditionne, ne serait-ce qu’au titre d’y protester. […] Au reste les psycho- quels qu’ils soient […] n’ont pas à protester, mais à collaborer. Qu’ils le sachent ou pas, c’est ce qu’ils font. » La démonstration la plus vive loge en ce point qui fait enseignement pour la psychanalyse et l’école : le traitement de la souffrance de celui qui l’apporte oblige la psychanalyse à répondre et au psychanalyste à y mettre du sien — mais toujours au nom du seul discours analytique. Au cœur de ce dispositif nouveau : le « désir de l’analyste ». Après le CPCT Paris, d’autres suivront dans les grandes villes de France (onze à ce jour et deux en Belgique francophone). De même à l’étranger, des Centres apparaîtront sur les mêmes bases et avec ce fonctionnement souple et allégé. Un enjeu apparaît : la responsabilité du consultant « est de proportionner les effets analytiques aux capacités du sujet à les supporter. Ce qui peut éventuellement conduire l’analyste à modérer les effets analytiques pour des raisons thérapeutiques ». Cette notation de Miller dès 1992 est parfaitement applicable aux consultations et traitements du CPCT. Seul le discours analytique peut être la balise pour parvenir. *
(Extrait de Hervé Castanet, Comprendre Jacques-Alain Miller, Paris, Max Milo, 2015, p. 156-163).



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