CEREDA. 23 mars- Marseille – Boutchou

Prochaine réunion du groupe  CEREDA Boutchou jeudi 23 mars à 21 h 2023 à 21h en visioconférence. Au programme: Retour sur la Journée d’études de l’Institut psychanalytique de l’Enfant du 18 mars intitulée  » Parents exaspérés, enfants terribles »

Compte rendu  de la réunion du 16/02/2023

Veronica Sosa et Françoise Biasotto

Sophie Bernardin a fait une présentation du texte d’orientation de la JIE7 de D. Roy : « Parents exaspérés – Enfants terribles ». Nous sommes partis du fait que « C’est la crise qui se trouve au fondement même de la famille : tel est le nouveau principe de la famille post-moderne. ”Enfant le-terrible” apparaît comme condensateur de jouissance pour chacun[1]. L’accent est mis sur la jouissance de chacun. Dans la clinique, nous constatons une nouvelle position du père conséquence du déclin de la fonction paternelle : l’enfant peut occuper une place d’objet a dans le fantasme de la mère mais aussi dans celui du père, parfois.

L’écart entre l’enfant idéal (« l’enfant-le-parfait ») et l’enfant-objet (« l’enfant-le-terrible ») peut générer l’exaspération du côté des parents qui la projettent sur l’enfant alors vécu comme insupportable. Aux signifiants particuliers dans chaque famille sont substitués des termes “pseudo-scientifiques” utilisés par le coaching parental et les dispositifs de remédiation cognitives ou  d’aides à la parentalité. Ces modalités d’intervention dans les familles ont pour effet d’entraîner des liens de dépendance et entravent un processus de séparation symbolique nécessaire.

  1. Roy s’interroge sur ce qui se transmet dans une famille : « La transmission n’est plus ici transmission automatique d’un nom et d’une autorité. Elle n’existe que liée à un désir, en tant qu’incarnée, soit par la voie d’un manque, soit par celle de la nomination dans la parole. »[2]

La famille est un mode de traitement de la jouissance des corps parlants en présence, elle ne répond à aucun idéal. Nous avons à apprendre la langue qui s’y parle : Comment vous vous expliquez ce qui arrive? Toutefois, l’auteur nous met en garde car pas-toutes les situations que nous rencontrons ne peuvent être dialectisées, et nous n’avons pas à chercher à réduire, à annuler, voire interpréter la “jouissance illisible”.

A la fin de son texte, D. Roy nous propose d’accueillir les différents désordres (troubles du comportement, de l’attention) comme des traits de bévue en lien avec « l’une-bévue », introduit par Lacan dans son Séminaire XXIV. Le trait d’union dans le titre du texte (Parents exaspérés – Enfants terribles) serait cette bévue qui raye la famille. Une bévue qui fonde le rapport entre parents et enfant.

En deuxième partie, F. Biasotto a cherché à retrouver le contexte dans lequel Lacan introduit deux citations dans son séminaire XXIV : « L’insu que sait de l’Une bévue s’aile à mourre [3]» utilisées par E. Zuliani[4] et D. Roy dans leur texte respectif afin de tenter de les éclaircir :

  • Première citation : « Est-il oui ou non fondé ce rapport de l’enfant aux parents ? »[5]Lacan ne parle de rapport qu’en fonction du non-rapport sexuel. Il n’y a pas d’intersubjectivité entre parents enfants. Ça ne fait pas rapport entre eux car chacun a rapport à son propre manque. Lacan situe cela par rapport à l’hystérie : l’amour de la fille pour le père fait obstacle à la castration et à son rapport avec les autres hommes.
  • Deuxième citation : « Ça consiste à se servir d’un mot pour un autre usage que celui pour lequel il est fait, on le chiffonne un peu, et c’est dans ce chiffonnage que réside son effet opératoire »[6] Zuliani propose cette opération pour faire déconsister des « mots » tels que « drogue » ou « religion » en les vidant un peu de leur jouissance. « Par exemple pour les mots « drogue » ou « religion », cela permet de les déminer, de les délibidinaliser, car ce sont des mots qui sont davantage en connexion avec le corps. »[7]

[1] Roy D., « Parents exaspérés – Enfants terribles », Texte d’orientation des 7e journées de l’Institut psychanalytiques de l’enfant, disponible sur internet.

[2] Roy D., « Parents exaspérés – Enfants terribles », op. cit.

[3] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’Une bévue s’aile à mourre », leçon du 14 décembre 1976, Ornicar ?, n°12/13, décembre 1977, p. 14.

[4] Zuliani E., « En famille, du bruit et des éclats », publication en ligne dans le site de la JIE7, https://institut-enfant.fr/zappeur-jie7/en-famille-du-bruit-et-des-eclats/

[5] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’Une bévue s’aile à mourre », leçon du 14 décembre 1976, Ornicar ?, n°12/13, décembre 1977, p. 14.

[6] Lacan J., Le Séminaire, livre XXIV, « L’insu que sait de l’Une bévue s’aile à mourre », op. cit., p. 21.

[7] Zuliani E., « En famille, du bruit et des éclats », publication en ligne dans le site de la JIE7, op. cit., p. 6.

 

Date: jeudi 16 février 2023

Horaire: 21h

Renseignements: Françoise Biasotto, frbiasotto@orange.frTel: 06 09 64 55 98



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