Retour sur le colloque de Rennes : Autisme, numérique et robotique. Par Alain Revel. Les 7 et 8 novembre à l’université de Rennes 2 a eu lieu un colloque intitulé Autisme : Numérique et robotique. Ce colloque a fait suite à celui organisé au même endroit les 5 et 6 mars 2015 sur l’« Affinity therapy », qui a fait date. Myriam Chérel, psychanalyste et maître de conférences dans cette université, en a été, les deux fois, la cheville ouvrière.
Dans une approche interdisciplinaire, il s’est agi d’aborder les affinités numériques chez les autistes en mettant en valeur la variété des registres de la lettre. Les autistes ont des intérêts spécifiques pour les objets techniques. Notre repérage, comme le précisait Dominique Holvoet, est d’accentuer la nature d’organe supplémentaire que prennent ces objets. Universitaires, chercheurs, psychanalystes, intervenants en institutions se sont succédés pour nous parler de leurs recherches, de leur travail clinique individuel et institutionnel mais les temps forts ont été les témoignages d’autistes.
Myriam Chérel : « La psychanalyse ne s’enseigne que de ceux qu’elle écoute ». Theo Fache, qu’on peut voir, enfant dans le film de Solène Caron, Le monde de Theo, maintenant adolescent, a dit comment l’écran de son ordinateur avait été « la fenêtre qui s’ouvre sur le monde » et c’est par là qu’il a pu laisser un langage privé pour un langage commun et puis être en relation avec d’autres. Daniel Tammett nous a expliqué comment sa langue numérique, poésie pure, lui a permis d’apprivoiser le langage et ensuite l’a amené à converser avec l’autre. Un échange passionnant avec Eric Laurent lui a fait préciser la nature matérielle du texte-texture. Carlos D. Illescas Vacas a expliqué son travail sur le particulier et l’infini à partir de son activité de géographe.
Recevoir, accompagner le sujet autiste à notre époque nous amène à poser la question du rapport avec les machines. Le sujet autiste privilégie l’écriture à la parole, l’un de la lettre à l’Autre. Les machines permettent d’isoler autant de composantes qui sont des dimensions du langage c’est à dire la trace, la voix, l’écrit, le regard, les objets numériques amenant à diffracter tout cela. Encore faut-il ne pas laisser seul le sujet avec la machine mais s’y intéresser et se faire partenaire pour traiter la langage.
La psychanalyse lacanienne qui n’est pas un discours de domination comme le soulignait M. H. Brousse, elle nous amène à pouvoir accompagner, soutenir le sujet autiste dans son intérêt pour l’usage de la lettre avant la rencontre avec l’Autre.
Une prochaine parution des actes de ce colloque permettra de manière élargie de profiter de l’apport de ces deux journées.
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Prochaine réunion du laboratoire : Mardi 3 décembre 2019 à 19h au CMPPU, 5 rue des Allumettes, Aix en Provence. Au programme :
– Retour sur l’intervention de Daniel Tammet à Rennes au colloque Autisme et numérique et son dernier livre Portraits (Blancs volants éditions, 2018).
– Echanges à travailler avec Laurence Vollin à propos de son dernier livre Hors protocole (L’Harmattan, 2019).
Renseignements : Alain Revel : revel-alain@orange.fr
Catégories :Laboratoire CIEN
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