En préparation du Colloque Psychiatrie-Psychanalyse des 26-27 septembre, Patricia Jolibois, Ancien Spécialiste des Hôpitaux des Armées (D.E.S Endocrinologie – Métabolisme et D.E.S.C Médecine de la reproduction-Gynécologie Médicale) est participante à la Section clinique d’Aix-Marseille. Elle répond aux questions de Renée Adjiman, enseignante associée à la Section clinique d’Aix-Marseille.
Le psychanalyste et le médecin : quelle collaboration au service du patient ?
Ayant suivi, en tant que médecin, des patients transgenres et curieuse depuis de nombreuses années de la psychanalyse, j’ai suivi l’enseignement de la Section Clinique à Marseille cette année 2019 dont le thème était « Genre, transgenre et identité sexuelle ».
Un apport culturel sur l’identité sexuelle et la psychanalyse
Cet enseignement a constitué un apport culturel riche sur le monde transgenre, l’expression de sa volonté et la force de ses demandes. Il m’a permis d’enrichir mes connaissances en psychanalyse, tout en mettant en évidence l’étendue de tout ce qui me reste à découvrir. Dans cet enseignement, l’apport des modules « Présentations de malades » a été pour moi le plus important et passionnant, remettant la personne au centre du débat.
L’approche psychanalytique du malade
Même si le médecin endocrinologue que je suis, a été d’abord dérouté par certains aspects, j’ai rapidement apprécié et même été fascinée par cette démarche du psychanalyste : petit à petit, il dévide une pelote, le discours du patient, où la laine devient soudain un peu plus rêche, puis lisse, pour venir enfin buter sur le nœud. Ce nœud qui vient là, faire preuve de « ce qui ne va pas », de ce qui cloche, qui interpelle et parfois angoisse. La mise en évidence dans un tableau clinique psychiatrique apparent d’alcoolisme, de dépression ou de perversion, d’un « hic » évocateur de psychose révèle un relief tout à fait inédit dans l’histoire du patient. Un relief qui doit, à mon avis, interpeller tout médecin quand il est confronté à une demande singulière de son patient et l’inciter à une collaboration avec le monde psychanalytique. En l’absence du patient, avec l’équipe psychiatrique d’accueil, l’analyse de la structure du sujet est ensuite menée par le psychanalyste, dans un registre dénué du contexte socio-affectif. Une mise en exergue qui démontre l’utilité et parfois même la nécessité d’un recul à instaurer dans la relation médecin-patient. À mon sens, c’est là la richesse de l’apport de ces présentations patients pour le médecin. Celles-ci sont particulièrement parlantes et pertinentes et invitent à mon avis à la collaboration entre médecine et psychanalyse.
Une collaboration à interroger
La demande de changement de genre impose un traitement médical à risque qui devrait être appréhendé et connu de tous. Comment faire en sorte que la compréhension psychanalytique du patient puisse éclairer les choix thérapeutiques du médecin ? Si la collaboration entre médecine et psychanalyse, fondée sur des regards croisés, semble devoir faire consensus, elle se cristallise mal, confrontée, en fait, bien souvent au refus du monde transgenre. Comment trouver alors la voie de la bienfaisance entre le mieux être psychique et des traitements lourds et prolongés ?
Le programme et la liste des intervenants
Catégories :Colloque Psychiatrie-Psychanalyse