SC. Colloque 2019 – Interview – Fabienne Hulak

Fabienne Hulak est psychanalyste, maître de conférence H.D.R. au département de psychanalyse de l’Université Paris 8, consultante à l’EPS de Ville-Evrard et membre de l’École de la Cause freudienne. Elle répond aux questions de Philippe Devesa, participant à la Section Clinique d’Aix-Marseille :

A quoi bon encore un colloque sur le nouage psychiatrie/psychanalyse ?

Effectivement, on peut se le demander en constatant entre autres les mutations de la vie institutionnelle, la dégradation des conditions du soin, l’hégémonie du traitement médicamenteux et la gestion administrative de la santé mentale. C’est-à-dire essentiellement la gouvernance par le chiffre et du peu de place qu’occupe maintenant la psychanalyse, voire son rejet total. Mais néanmoins on se trouve heureusement surpris d’une telle proposition de travail dans le cadre d’un colloque autour du nouage psychiatrie psychanalyse.

Comment entendre la phrase de Lacan, lorsqu’il énonce dans son « Petit discours aux psychiatres » que la psychanalyse est l’avenir de la psychiatrie ?

Il me semble que Lacan dit plutôt que « si la question du fou peut s’éclairer par la psychanalyse » c’est « à partir d’abord d’un autre centrement, ce qu’on appelle rapport premier » et il avance qu’« il nous est commandé de repenser quelque chose qui n’est pas mince, puisque c’est la pensée elle-même ». Ce n’est pas d’être introduit à tous ces discours bien construits qui peuvent se succéder et se superposer qu’il prête un effet de formation, notamment pour les psychiatres à qui il s’adresse alors tout particulièrement, c’est d’attraper ce « p’tit fil » qu’il donne dans son enseignement que « l’inconscient est structuré comme un langage ». Ceci amène nécessairement à s’interroger sur le langage. C’est ainsi que ce « p’tit fil » est une boussole qui doit nous orienter et ce même lorsque l’on passe à l’envers de son discours, ainsi que l’indique Jacques-Alain Miller, c’est-à-dire à l’inconscient réel.

S’il y a quelque chose que la psychanalyse met en valeur, ce n’est « certainement pas le sens », nous dit-il, mais plutôt « de marquer en quels endroits les non-sens décisifs existent sur quoi se fonde l’existence d’un certain nombre de choses qui s’appellent les faits subjectifs ». Le gain qu’on peut recueillir, ce n’est pas quelque chose de l’ordre de « l’intersubjectivité du sens […] c’est précisément de voir que ce qu’on croyait si bien comprendre, justement on n’y comprenait rien » et à partir de cela, la position subjective du clinicien psychiatre ou/et psychanalyste peut s’orienter.

Pourquoi Lire Lacan au xxiᵉ siècle[1]

Lire Lacan, c’est certes une lecture difficile, exigeante mais qui nous aide à penser la clinique contemporaine avec ce qu’on a pu qualifier de nouveaux symptômes et au-delà, le malaise contemporain et donc aussi les liens entre politique et psychanalyse.

L’ouvrage Lire Lacan au XXIème siècle fait état d’un moment de la recherche, de divers travaux du laboratoire de recherche EA 4007 de l’Université Paris 8 « La section clinique » dont les thèmes se distribuent autour de l’étude renouvelée des concepts lacaniens — du premier au dernier enseignement de Lacan —, celui de la clinique contemporaine et des nouveaux symptômes, celui de la connexion entre politique et psychanalyse à partir des textes freudiens et lacaniens sur le malaise dans la civilisation. Ces travaux en illustrent différentes facettes, mais leur diversité fait montre de la cohérence théorique d’une orientation, notamment celle donnée par Jacques-Alain Miller. Il indique que « s’il y a une orientation lacanienne, c’est qu’il n’y a aucun dogme lacanien, pas même l’inconscient structuré comme un langage, aucune thèse ne varietur qui donnerait lieu à un abécédaire, bréviaire, compendium, dogmatique. Il y a seulement une conversation continuée avec les textes fondateurs de l’événement Freud, un Midrash perpétuel qui confronte incessamment l’expérience à la trame signifiante qui la structure ». 

Les travaux du laboratoire « La section clinique » soutiennent cette conversation avec les textes fondateurs, notamment la formulation du sexuel au principe de la théorie freudienne et la fonction de la lettre, support de cette formulation.

[1] Hulak F., (Sous la coordination de), Lire Lacan au xxiᵉ siècle, Champ social, 2019.

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