Augustin Ménard, psychanalyste à Nîmes, membre de l’ECF et de l ‘AMP, psychiatre, ancien chef de clinique, chargé d’enseignement à la faculté, enseignant au Collège clinique de Montpellier, répond aux questions de Françoise Haccoun, enseignante à la Section clinique d’Aix-Marseille.
- Vous serez des nôtres à Aix les 26 et 27 septembre prochain pour le colloque dont le thème porte sur le nouage psychiatrie/psychanalyse. Que vous évoque ce thème en lien avec votre pratique ?
La psychiatrie contemporaine est en crise. À vouloir ne se référer qu’au discours scientifique, à réduire la pensée au fonctionnement du cerveau, elle se limite à n’être plus qu’une branche de la technologie médicale. Excluant le sujet, elle perd sa spécificité en abandonnant l’immense acquis de la clinique française et allemande dont les derniers représentants sont Henri Ey et Jacques Lacan. La science impose l’objectivité dans une logique du « pour tous ». Qu’elle utilise les médicaments aux bienfaits certains, grâce aux progrès de la neurobiologie ou la parole dans une logique de l’universel (cognitive-comportementalisme), elle bute sur un irréductible des symptômes.
- Aujourd’hui, les symptômes sont considérés comme des troubles à éradiquer ; l’observable et le quantifiable, le tout neuro comme on dit, prennent le pas sur la dimension subjective. Que faire selon vous pour préserver nos trésors cliniques ?
C’est là que la psychanalyse intervient. Elle révèle le côté positif, bien qu’inadapté du symptôme, défense singulière contre un réel insupportable. Seul un abord « au cas par cas » qui donne la parole au sujet dans un cadre précis, et d’une certaine place permet un remaniement de cette défense dont elle écarte les effets ruineux.
- La clinique disait Lacan est « le réel en tant qu’il est l’impossible à supporter ». Un petit commentaire en lien avec votre formation de psychiatre et à l’usage des psychiatres de terrain ?
Le lien qui s’établit entre le psychiatre orienté par la psychanalyse et son patient doit être interrogé quand il s’agit d’un psychotique. Il ne se réduit pas au concept de transfert valable pour le névrosé. C’est sur ce dernier point que je propose un exposé sous le titre de : « Le transfert, le lien et le lieu dans un travail de parole avec les psychotiques ».
Catégories :Colloque Psychiatrie-Psychanalyse
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