ECF. 3 février – Paris – Question d’École : « Nouvelles figures du psychanalyste »

Par sa Question d’École 2018, « Nouvelles figures du psychanalyste – Effets politiques de la formation. Éveil, acte et action », l’ECF entend, selon le mot de son président Gil Garoz, « tirer quelques conséquences de l’année zéro du Champ freudien sur la formation du psychanalyste et sur les nouvelles modalités de son action dans le monde ». Rendez-vous samedi 3 février à la Maison de la Chimie.

Pour découvrir les intervenants, lire en fin de post.

Quelle est cette potion magique donnant aux adhérents du Champ freudien une force de mobilisation politique efficace qui ne fait que croître ces deux dernières décennies ? Le constat de cette vitalité n’est pas seulement le nôtre. Il est partagé par un grand nombre de personnes qui ne s’engagent pas nécessairement dans la voie analytique.

Est-ce le fait que la psychanalyse telle qu’elle rayonne à partir de notre École séduit particulièrement des individus ayant une conscience politique vigoureuse ? Nous pensons au contraire que c’est la formation du psychanalyste qui politise le « candidat ». Non pas qu’elle le rende davantage fervent d’un discours de « gauche » ou de « droite ». La formation desserre les adhérences aux idéaux. Si le psychanalyste, toujours en devenir, est porteur d’un idéal politique, c’est pour autant que sa formation n’est pas encore aboutie. En revanche, si cette formation est politisante, c’est qu’elle le transporte des impasses individuelles de sa subjectivité vers une implication dans la « subjectivité de son époque »[1].

En 2003, suite à l’amendement Accoyer qui visait l’obtention d’un contrôle étatique de leur formation, les psychanalystes sont sortis une première fois de leur neutralité clandestine pour initier une série d’actions de défense de la psychanalyse, des psychanalystes et de leur pratique. Depuis lors, cette action n’a jamais cessé et on a eu l’occasion de le constater encore récemment en Belgique autour de la loi sur les professions de santé mentale et en France lors de la lutte contre le projet de résolution dit « Fasquelle » qui visait à « interdire et condamner » la psychanalyse dans le traitement de l’autisme. Mais l’effet politique de la formation, au-delà de la défense de la psychanalyse et de sa clinique, a été isolé de façon particulièrement aigue lors de l’année écoulée, dénommée par Jacques-Alain Miller « l’année zéro du Champ freudien ». Dans sa conférence du 24 juin dernier[2], il décrit ainsi la traversée qui eut lieu à ce moment-là : « quelque chose a été touché qui a mis en question et même en cause les fondements même du discours psychanalytique […]. Débouler sur la place publique, prendre parti dans la consultation électorale, en appeler à l’opinion des citoyens et se mobiliser sur l’ensemble du territoire national, cela n’a jamais été fait dans l’histoire de la psychanalyse ». Après 37 ans d’incubation, d’élaboration autour de l’éthique de la psychanalyse et de prédominance du « retour à la clinique » lancé en 1981, l’École est passée à un autre niveau. Ainsi, la prise de partie de l’ECF contre les ennemis du genre humain est, selon Jacques-Alain Miller, une passe de l’École comme sujet.

Cette École-sujet qui vient de faire cette traversée n’est pas un individu. Elle est divisée, ce qui la met à l’abri de la folie. C’est dire qu’il n’y a pas une position unique qui serait celle du sujet de l’École. Celui-ci se déduit plutôt de la grande conversation continue entre ses membres dans leurs diverses positions. Toutefois, une chose est claire : la position axiomatique du psychanalyste en tant qu’indifférent, en tant qu’il ne prend pas parti, n’est pas un mot d’ordre. Elle n’a jamais été promue ni par Freud, ni par Lacan.

L’effet politique de la formation n’est pas présent uniquement dans la « réalité transindividuelle du sujet »[3]de l’École. Il est présent tout d’abord dans les cures quand celles-ci produisent du psychanalyste. La chute des idéaux, la désidentification, la traversée du fantasme et la réduction du symptôme ont des incidences non seulement sur la clinique de l’analysant-praticien, mais aussi sur le style et l’intensité de la mobilisation politique de chacun. Lacan invite « celui qui ne peut rejoindre à son horizon la subjectivité de son époque »[4]à renoncer à la cure dite « didactique ». Ceci ne veut pas dire que l’action politique est nécessairement le lot de tout psychanalyste, mais que dans tous les cas son acte politique est déduit d’un rapport éveillé au réel, dégagé de tout idéal ou programme préconçus.

Lors de la journée Question d’École du 3 février 2018, nous souhaitons tirer quelques conséquences de l’année zéro du Champ freudien sur la formation du psychanalyste et sur les nouvelles modalités de son action dans le monde.

Gil Caroz
Président de l’ECF

[1]Lacan J., « Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, Paris, Seuil, 1966, p. 321. [2]Cf. les cours de Jacques-Alain Miller en vidéo sur Lacan TV, à découvrir en cliquant ici. [3]Lacan J.,« Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse », Écrits, op. cit.[4]Ibid.

Les intervenants : Agnès Aflalo, Aurélie Pfauwadel, Bénédicte Jullien, Christiane Alberti, Gérard Wajcman, Laurent Dupont, Marie-Hélène Blancard, Pierre-Gilles Guéguen, Yves Vanderveken.
La journée sera ponctuée par le premier témoignage de passe de Clotilde Leguil, dernière AE nommée à l’ECF. 

Infos pratiques

Samedi 3 février 2018, 9h – 17h30 (accueil à partir de 8h30)
Maison de la Chimie
28 Rue Saint-Dominique
75007 Paris
Contact et renseignements : 01 45 49 02 68 / ecf.secretaire@orange.fr
Pour s’inscrire : cliquer ici.



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