Livres. Être mère – Des femmes psychanalystes parlent de la maternité

La maternité de papa n’est plus ce qu’elle était… Quels sont donc ces symptômes contemporains qui affectent la maternité et les sujets impliqués ? « La demande illimitée d’enfant faite à la science, la tendance à une certaine maternisation du monde, la maternité célibataire, le burn-out des mères, l’homoparentalité ou le partenaire-symptôme, l’effacement du corps de la mère, le déni de grossesse (…) A entendre ce qui se dit dans une analyse, on saura mieux s’orienter dans les mutations contemporaines », souligne Christiane Alberti en introduction de ce livre écrit à plusieurs voix de femmes psychanalystes. Sorti à l’occasion des formidables Journées Être mère de novembre dernier, un ouvrage d’ores et déjà de référence.

etre-mere-livreÊtre mère, voilà qui semblait simple et naturel ! Fin des évidences. La mère se pluralise – biologique, symbolique, donneuse, porteuse. Le parent gomme le distinguo père/mère.
La science lève le voile sur le désir d’enfant, désormais émancipé des relations à l’autre sexe et des limites de la nature. La modernité dénude ainsi toutes les fantaisies du désir de maternité – l’enfant dont je rêve, comme je veux – en prise directe sur l’enfant, tel un objet capté par une industrie, sa rentabilité, ses leviers publicitaires.
La psychanalyse est-elle pour ou contre ? Elle est toujours avec ceux qui sont aux prises avec les aléas et contradictions du désir.
Quel est cet étrange vouloir en jeu dans chaque maternité ? Des femmes psychanalystes témoignent ici de paroles inédites sur l’être mère – désir illimité, maternisation du monde, burn-out, homoparentalité ou partenaire-symptôme, déni… (4e de couverture)

Être mère. Des femmes psychanalystes parlent de la maternité. Christiane Alberti (Dir.), Navarin-Le Champ freudien, 208 pages, 18,50€.

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TECHNO-MATERNITÉS par Dominique Laurent
Les nouvelles confgurations de la procréation introduites par les PMA lèvent un voile sur ce qu’on appelle le désir d’enfant. Celui-ci se trouve affecté par ces progrès techniques mais aussi par les avancées sociétales du statut des femmes et des homosexuels. La psychanalyse contribue à l’exploration de ce désir lorsqu’il n’est plus structuré par le principe paternaliste. Elle sera toujours plus convoquée pour traiter au cas par cas le malaise dans la procréation et saisir ce qui, dans ces déterminations multiples, laisse ouvert le choix forcé de la « folie » de chacun.

HORSEXE par Marie-Hélène Brousse
Des hommes et des femmes, des mâles et des femelles, des ovocytes et des spermatozoïdes : autant de défnitions du sexe que notre époque manie dans le plus complet malentendu. Une chatte n’y retrouve plus ses petits ! Et les mères, où sont-elles ? Partout ! Il y a leshommes-mères, les mères-hommes, les mères porteuses, il y a des mères « dans les éprouvettes », ou « dans la nature », ou encore « selon la loi » : un peu d’orientation lacanienne serait-elle possible ?

MATERNITÉ BLUES par Esthela Solano-Suárez
Des femmes témoignant de leur expérience d’être mère nous apprennent que l’enfantement fait trou. Il n’y a pas de savoir, ni d’adéquation naturelle entre la mère et l’enfant, ni d’harmonie préétablie parce qu’il y a de l’impossible ; à chacune d’inventer sa façon d’être mère avec chaque enfant. Dès lors que la rencontre avec l’enfant vient la confronter au manque de savoir la concernant, aussi bien comme mère que comme femme, il se peut qu’il la pousse vers le sans-limites d’un ravissement ravageant, et cela par la bifdité, la doublure entre la mère et la femme.

MAMAN SOLO par Rose-Paule Vinciguerra
Autrefois un voile d’infamie recouvrait celles que l’on appelait les « flles-mères ». Les avancées du droit l’ont dissipé. Mais, plutôt que la forme juridique que prend sa relation à l’enfant, n’est-ce pas le rapport d’une femme aux aléas de son désir qui fait d’elle une mère célibataire ? Et que peuvent dire les psychanalystes lorsque des défenseurs de la famille traditionnelle s’alarment pour l’enfant ?

HOMOANALYSANTES par Agnès Aflalo
La maternité s’est toujours réinventée selon les lieux et les époques. Mais aujourd’hui, les progrès de la technique dévoilent sa nature de fction. Dans cette perspective, refuser la maternité aux couples de femmes homosexuelles relève d’une ségrégation qui ne dit pas son nom. Il serait temps d’entrer dans le XXIe siècle et de prendre au sérieux que l’altérité vient du côté des femmes au point de considérer avec Lacan que le père lui-même n’est qu’« un des noms de La femme ».

LE VENTRE, MATERNEL ? par Carole Dewambrechies-La Sagna
Les partisans de l’instinct maternel voient dans le ventre et la relation in utero la base de tout attachement. Quand la loi (en France actuellement) défnit la maternité et la fliation qui s’y rattache, par l’accouchement, la valeur du ventre devient absolue : le fait biologique impose sa loi. Que nous apprend la psychanalyse à ce sujet ? Que nulle providence n’harmonise les rapports humains, fussent-ils entre mère et enfant, mais qu’il existe au contraire, dans ces rapports, un « dérangement » fondamental. Le ventre ne peut constituer une valeur refuge de la « vraie mère ».

DU FAMEUX DÉNI DE GROSSESSE par Francesca Biagi-Chai
Répéter à l’envi le « déni » pour ne rien entendre de ce que dit une femme confrontée à une grossesse qu’elle ignore : on a prélevé le déni chez Freud pour mieux annuler sa découverte et avec elle l’inquiétante réalité dont nombre de femmes témoignent. Elles ne cessent de dire l’insistance du réel, le non-savoir absolu, véritable scotome du vivant. Le corps propre leur échappe, si jusque-là elles avaient pu croire le posséder. C’est dans cette zone de non-avoir que parfois, dans une continuité logique, s’inscrit l’infanticide. L’analyste ne recule pas à interroger ce point.

DES MÈRES SUR LE DIVAN par Anaëlle Lebovits-Quenehen
Les mères font bien souvent symptôme pour leurs enfants. Aussi les analysants parlent-ils de leur mère sur le divan, et plus souvent qu’à leur tour. Des paroles qui s’y déposent, un savoir s’élabore qui concerne la façon dont un sujet peut trouver à faire un usage symptomatique de sa mère – à son insu, cela va de soi. Mais il y entrevoit aussi la nécessité de se faire responsable de la jouissance qui l’habite et à laquelle la mère dont il se plaint fait bien souvent écran.



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